Deux années de prison pour un avocat fiscaliste
Les faits pour lesquels Goyette a plaidé coupable, en avril, se sont produits à Lévis de 1982 à 1985 à raison d'environ deux fois par mois.
« Il y a prédominance des facteurs aggravants et l'accusé n'a pensé qu'à satisfaire ses pulsions », a tranché le juge Jogue Lavoie.
En condamnant l'accusé à deux ans moins un jour de détention ferme, le magistrat s'est rangé à la suggestion de la Couronne, représentée par Me Valérie Lahaie, tandis que l'avocate de Goyette, Me Nadine Touma, réclamait une peine à purger dans la collectivité.
« Je ne m'attendais pas à une semaine de prison. La société est plus extraordinaire que je le pensais. Juste le fait qu'on m'ait crue, je trouve ça extraordinaire », a témoigné la victime, Judith Trickey-McCullough après le prononcé de la peine.
« J'ai joué longtemps à la famille unie et heureuse parce que ma famille, c'est tout ce que je connaissais et que je ne voulais pas la briser parce que je me sentais coupable de ce que Louis m'avait fait. Mais mon déni n'était pas assez fort pour que je n'agisse pas lorsqu'une de mes filles a été en danger parce que s'il avait fallu qu'il s'en prenne à une de mes filles, ma vie était finie », a-t-elle expliqué.
Le temps de dénoncer
C'est ainsi qu'en 2008, lorsque Louis Goyette a planifié d'amener l'une des quatre filles de la victime en Europe, elle a senti qu'il était temps de dénoncer.
« J'ai perdu ma mère et il y a beaucoup de gens de la famille que je ne reverrai jamais, a ajouté la femme de 41 ans dans un témoignage qui force l'admiration. Le prix à payer pour dénoncer un abus de ce type-là est très lourd. Ça fait mal de perdre des gens qui, au fond, ne nous aimaient pas tant que ça. C'est sûr que ça fait mal, mais on n'en meurt pas d'avoir mal et d'avoir de la peine.
« Maintenant, je n'ai jamais été aussi heureuse que depuis avril dernier, à l'issue de représentations sur sentence, affirme-t-elle.
« Au fond, je me demandais ce qui allait me faire le plus de bien. Soit qu'il n'allait pas en prison, mais que le juge disait quelque chose qui me faisait du bien; ou que le juge ne dise rien, mais qu'il l'envoie en prison. Avec ma grande de 16 ans, on s'est entendues sur le fait que l'important, c'est qu'un autre Louis Goyette qui lit le journal réalise que ce qu'il fait n'est pas bien », a conclu Mme Trickey-McCullough.