Les résidents se font brasser
Le sol instable et un phénomène sismique font vibrer verres et fenêtres à travers la ville
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Ça arrive une dizaine de fois par jour. Ça les réveille même la nuit. Chez ces résidents du Plateau qui vivent à proximité de l’avenue des Pins, la Ville a enregistré des vibrations nettement perceptibles. Et ça dure depuis des mois.
« Les fenêtres se mettent à vibrer, les verres s’entrechoquent », explique Thierry Tally, de la rue Laval. « Le sol vibre. C’est assez impressionnant. Moi, je suis habitué, mais il faut voir les bouilles que font mes invités lorsqu’ils viennent chez moi pour la première fois et me regardent inquiets. Je leur dis : non, ce n’est pas un tremblement de terre, c’est normal. »
La responsable de la tremblote de l’appartement de Thierry Tally sur la rue Laval n’est pas un fantôme ni un phénomène sismique récurrent, mais une fissure transversale à l’intersection de l’avenue des Pins et de la rue Henri-Julien. Une artère endommagée construite sur un sol argileux. La combinaison de ces deux facteurs est à l’origine des vibrations ressenties.
Mais, il n’y a pas que là que Montréal vibre. On peut aussi parfois sentir le sol trembler à Rivières-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce et Rosemont-La-Petite-Patrie.
Les démarches
Dès avril dernier, Mari Arias dont la maison est située à cette intersection a noté dans son agenda : « Vibration inquiétante, téléphoner à la Ville ».
« La première fois, je pensais réellement qu’il y avait un tremblement de terre. Ça dure à peine quelques secondes, mais ça me rend nerveuse. »
La jeune femme a donc entrepris une correspondance avec le maire du Plateau Luc Ferrandez pour l’aviser du phénomène. Mais, le problème est surtout celui de la ville centre, qui doit gérer les grandes rues artérielles comme l’avenue des Pins.
L’arrondissement a envoyé en septembre dernier des techniciens prendre des mesures. Le résultat est patent, mais non alarmant. Dérangeant, mais non dangereux. Entre 20 Hertz et 50 Hertz 1,16 mm/sec. Dans certains secteurs, c’est jusqu’à 2 mm/sec.
Équivalent d’une onde de surface
Selon Shao Cheng Ji, professeur en sismotectonique à l’École polytechnique, « c’est l’équivalent d’une toute petite onde de surface après un tremblement de terre. Sur un édifice, ça a un impact de déformation de moins de 1 % ».
La Ville offre des subventions aux propriétaires qui répondent à des critères stricts pour rénover leur maison en fonction de ce sol instable.