Grèves étudiantes : saviez-vous que?
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Depuis des semaines, les médias se délectent de la grève des étudiants contre la hausse des frais de scolarité. Mais voilà : le discours ambiant oublie cependant de parler de certains faits et enjeux d’intérêt. En voici quelques-uns :
Même au plus fort de la grève étudiante 2012, pas plus de 39 % des étudiants des cégeps et des universités étaient en arrêt. Autrement dit, plus de 60 % des quelque 495 000 étudiants québécois au collégial et à l’université n’ont pas participé au mouvement.
Les associations étudiantes disposent d’un budget de 6 millions de dollars, budget annuel provenant des cotisations tirées à même les inscriptions. La CSN a défrayé le coût de location de 5 000 $ du Métropolis pour L’hausseti d’show de la CLASSE mettant à l’affiche plusieurs artistes québécois.
« Solidairement vôtre »
La CSQ a payé autour de 10 000 $ pour que la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec) et la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec) puissent mettre sur pied le site greve2012.org et un journal étudiant.
Plusieurs des 1 000 professeurs aux niveaux collégial et universitaire qui ont soutenu ouvertement le mouvement de contestation ont aussi signé leurs communications avec les étudiants de la mention : « Solidairement vôtre. » Certaines associations de chargés de cours et d’étudiants de deuxième et troisième cycles ont fait de même.
Dans plus de 70 % des votes secrets (papier ou sur plateforme Internet) tenus dans les cégeps ou les universités, les étudiants ont voté contre la grève. Avec les frais d’inscription actuels, l’étudiant universitaire paye 12,7 % des coûts concrets de son éducation.
En 2009, parmi les étudiants ayant complété leur premier cycle universitaire, plus de la moitié l’ont fait sans dette d’étude.
Gratuité de 700 millions
L’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) a calculé que la gratuité scolaire aux études supérieures coûterait environ 700 millions de dollars par an aux Québécois.
Selon Luc Godbout, professeur à l’Université de Sherbrooke et chercheur à la Chaire en fiscalité et en finances publiques, les étudiants d’aujourd’hui, même si l’on majore leurs droits de scolarité de 1 625 $ sur cinq ans et en tenant compte de l’inflation, paieraient en valeur réelle l’équivalent des frais de scolarité applicables en 1968 dans la Belle Province.
Autour de 35 % du produit de la hausse des droits de scolarité retournera dans les poches des étudiants grâce à un programme de prêts et bourses amélioré. Au Québec, en 2009, le salaire annuel moyen du diplômé universitaire était de 52 700 $; le salaire du titulaire d’un diplôme d’études secondaires (DES), de 38 900 $.
Selon l’économiste Pierre Fortin, même s’il entreprend sa carrière cinq ans plus tard, le diplômé universitaire gagnera, dans l’ensemble de sa vie active, un million de dollars (750 000 $ après impôt) de plus que le diplômé du secondaire. Un rendement annuel de 19 %.
M. Fortin ajoute que la majeure partie du coût réel des études poursuivies par les universitaires − 55 000 $ sur les 90 000 $ −est payée par la grande proportion (72 %) des familles dont les enfants n’auront pas cet avantage.
Le maire Gérald Tremblay s’apprête à demander plus de 40 millions de dollars au ministre Bachand pour éponger les frais reliés aux manifestations : temps supplémentaire des policiers, escouades diverses et déploiements exceptionnels reliés à la sécurité et à la circulation.
Notons enfin que seulement 28 % des étudiants québécois qui s’inscrivent à l’université terminent leur bac.