L’odeur des livres
Dans quelques jours, le Salon du livre de Québec 2012 ouvrira ses portes. Jusqu’à il y a peu de temps, je ne m’étais pas souvenue comme nous avions une chance immense de pouvoir lire, découvrir des auteurs, pouvoir acheter en toute liberté tant de romans, tant d’essais, tant de ces beaux livres qui deviennent chez moi un patrimoine unique et choisi.
Coup de foudre littéraire
C’est ma fille de 10 ans qui m’a rappelé cette richesse. La semaine dernière, Alain M. Bergeron, auteur, a été invité dans son école pour parler de ses histoires. Vous ne pouvez imaginer le changement total de ma puce. Un véritable coup de foudre littéraire! Quel bonheur de la voir revenir le soir, pressée de tout nous raconter, si emballée à l’idée d’avoir la possibilité de lire encore tant de nouvelles histoires!
Et, là, du plus loin que je me souvienne, je me suis vue avec un livre dans la main. Je ne passe pas deux jours sans lire, sans découvrir, sans rêver ou me faire peur. J’ai le souvenir d’avoir surveillé le facteur, attendant impatiemment mes beaux livres de Walt Disney auxquels mes parents m’avaient abonnée. J’ai encore en moi ce sentiment de fierté de posséder ma première carte de bibliothèque. Elle me faisait entrer dans un monde enchanté où je pouvais tout prendre, tout goûter. Cette fois aussi où je suis rentrée à la maison avec La petite maison dans la prairie, et tous ces matins difficiles parce que je n’avais pas pu lâcher un roman de la nuit.
Cette richesse est pourtant un joyau fragile. Que de politiques contradictoires qui ont fait oublier que notre langue, avant d’être une exception culturelle, est la construction de siècles de transmissions de passions, de milliers d’écrivains, de milliards de mots écrits pour nous ensorceler ou nous bousculer. J’ai souvent été énervée par ceux qui refusaient Rousseau ou Voltaire pour privilégier un auteur québécois, ou qui rejetaient Jack London pour de pauvres et mauvais textes vite oubliés. La littérature offre la place à tous, mais surtout à la création de la culture que nous voulons offrir à nos enfants, la plus large, la plus efficace pour qu’ils apprennent le monde tel qu’il est et non tel qu’on veut qu’il soit. J’aime tant la lecture que je sais que je le dois à toutes ses découvertes et non aux politiques irresponsables d’apprentissage de la langue, qui en sort blessée par cet illettrisme qui augmente toujours dans notre province. Devant les millions de Harry Potter vendus, je n’ai pas suivi ces intellectuels qui montraient du doigt le « sous-produit anglo-saxon », mais compris la joie d’un enfant d’avoir une collection de livres dans sa chambre, celle qu’il a dévorée. De milliers de pages lues, une véritable révolution de la lecture partout dans le monde!
Amour de la lecture
J’aimerais tant que nos professeurs aient tous cette bonne idée d’amener le plus d’auteurs dans les classes, que l’amour de la lecture remplace la paresse de la TV.
Vous savez quel est mon dernier petit bonheur? Le cadeau de cette phrase de ma fille : « Il faut absolument qu’on aille au Salon du livre! Alain Bergeron sera là avec toutes ses collections! »