Vingt manifs de suite
Les protestations nocturnes perdent des marcheurs mais persistent
« Une manif chaque soir jusqu’à la victoire », répètent les étudiants depuis le 24 avril. Vingt crépuscules et des centaines de kilomètres plus tard, la formule se banalise-t-elle?
« Peut-être selon les gens qui suivent les manifs via TVA ou RDI, justement parce qu'on en parle peu. Mais selon moi, non, elles n'ont rien de banales », répond Catherine, une habituée de ces marches devenues rituelles.
Depuis vingt soirs, vers 21 h, le cortège de manifestants opposés à la hausse des frais de scolarité s’ébranle de la place Émilie-Gamelin et sillonne Montréal.
Mais la formule perd des marcheurs. La foule se comptant en milliers jusqu’à tout récemment a fondu à quelques centaines de militants.
« Ce sont des manifs épuisantes », explique celle qui a participé à 13 de ces trottes d’une douzaine de kilomètres.
« Beaucoup étaient là comme moi chaque soir, et c'est épuisant. On dort peu, on marche énormément. Plusieurs décident de venir aux deux jours, une fois par semaine, et ça se comprend. »
D’ailleurs, l’idée d’une seule manifestation hebdomadaire, mais de grande envergure, circule parmi les adeptes de la promenade engagée.
Radicalisation
D’autres avancent qu’un durcissement du mouvement s’impose pour remonter à la surface de l’actualité.
« Il y a de plus en plus de manifestants qui sont de cet avis, confirme Catherine. J'en suis presque à y croire aussi. Les faits sont là. Le 25 avril, ç’a été le chaos et on a parlé de nous pendant quatre jours plutôt que de parler des manifs pacifiques qui ont eu lieu après. »
Un sentiment avéré sur la page Facebook de la manif nocturne d’hier. «Il va falloir que ça brasse plus que les dernières fois parce que les médias ne parlent même plus de nous », pouvait-on lire sur un commentaire. La 21e édition, ce soir, promet d’ailleurs d’être «remplie d'actions et de contre-sens» en réponse aux injonctions.
Malgré tout, au moment de mettre sous presse, la vingtième occurrence de cet événement était festive et pacifique, avec environ 250 participants.
Longévité
La longévité de ces manifs sous la lune étonne ses principaux acteurs.
La veille de la 20e, Rodrigue Archambault brandissait fièrement un drapeau rouge au milieu de ses camarades. « J’aimerais voir plus de monde, mais bon... », a partagé l’étudiant en design de l’environnement à l’UQAM.
Pensait-il atteindre le cap de la vingtaine de sorties consécutives ? « Non, comme je ne pensais pas qu’on se rendrait à 13 semaines de grève non plus ! »
