Un malaise nommé Jean Tremblay
La communauté religieuse catholique ne cache pas son malaise devant l’intensité des propos du maire de Saguenay, Jean Tremblay, sur la place du crucifix à l’Assemblée nationale et la péquiste Djemila Benhabib.
« Si le maire Tremblay désire être un participant crédible au débat sur la laïcité au Québec, il devrait changer de ton en plus de s’excuser », a laissé tomber le directeur des communications de l’Église catholique de Québec, Jasmin Lemieux-Lefebvre, sur son compte Twitter personnel.
« Ce n’est pas sur ce ton-là qu’on règle des questions aussi importantes que celle de la laïcité des institutions », croit le secrétaire général de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, Bertrand Ouellet.
Porte-parole de lui-même
Lorsqu’on lui demande si le maire de Saguenay n’est pas en train de se faire le porte-parole de toute la culture religieuse catholique au Québec, « oh non! », rétorque M. Ouellet.
« M. Tremblay est bien connu déjà, ce n’est pas nouveau et il est capable de se défendre lui-même. Ce n’est pas le porte-parole de personne d’autre que de lui-même. »
Les évêques du Québec ne se permettraient pas de se lancer sur la place publique comme le fait le maire Tremblay, reconnaît M. Ouellet.
« En campagne électorale, c’est important de se le dire, les émotions montent à un moment donné. Un sujet comme celui-là, il faut peut-être prendre une grande respiration et en parler à l’Assemblée nationale, quand les élections seront passées. »
M. Ouellet s’inquiète de voir cet enjeu « occulter » d’autres enjeux tout aussi importants, tels que l’environnement, la justice sociale et l’aide aux plus pauvres.
Les évêques du Québec se réuniront d’ailleurs dans trois semaines pour discuter de la laïcité, rencontre qui culminera par la préparation d’un document.
L’archevêque de Québec, Mgr Gérald Cyprien-Lacroix, s’est jusqu’ici abstenu de commenter, préférant passer le crachoir à l’Assemblée des évêques catholiques du Québec.
Vives réactions à Saguenay
À Saguenay, les propos du maire Tremblay ont continué de susciter de vives réactions hier, notamment auprès des candidats dans Chicoutimi.
« Je l’invite à respirer par le nez », a dit le candidat péquiste et député sortant Stéphane Bédard, lorsqu’il a été questionné par TVA Nouvelles.
« Il ne doit pas se comporter comme un pasteur, a suggéré Pierre Dostie, candidat de Québec solidaire. M. Tremblay est élu pour être le maire de tous les citoyens de Saguenay », a-t-il rappelé.
Seul le candidat libéral Carol Néron a semblé endosser les propos du maire Tremblay. « Je ne crois pas qu’il devrait s’excuser, a tranché M. Néron. Il a dévoilé le fond de sa pensée. C’est dans sa personnalité, c’est dans sa nature, et il ne faut pas oublier que ça reflète tout ce que les Québécois pensent. »
