Meilleure pour la santé ?
La valeur nutritionnelle du bio est remise en question dans une étude controversée
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L’alimentation bio n’est pas meilleure pour la santé, d’un point de vue nutritionnel, que l’alimentation « conventionnelle ». C’est la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs de l’université Stanford, aux États-Unis, au terme d’une vaste analyse de plus de 200 études scientifiques.
Selon les auteurs de l’analyse publiée lundi dans les Annals of Internal Medicine, rien ne prouve que les produits bio seraient plus nutritifs, c’est-à-dire plus riches en vitamines ou minéraux, que leur équivalent issu de l’agriculture de masse.
« D’accord, mais le bio, il faut regarder ça de façon globale », rétorque Isabelle St-Germain, d’Équiterre.
« On regarde les nutriments, mais l’alimentation, ce n’est pas seulement un enjeu de nutritionnistes », lance-t-elle, précisant que ce qui importe, dans le fond, ce n’est pas tant ce que les produits bio contiennent que ce qu’ils ne contiennent pas...
Selon Mme St-Germain, « une étude récente du ministère de l’Agriculture du Québec démontre que 41 % des fruits et légumes frais cultivés au Québec contiennent des résidus de pesticides et l’impact sur la santé de ces pesticides est phénoménal ».
L’exposition aux pesticides – il y a un consensus scientifique là-dessus – peut affecter le système endocrinien, le système immunitaire ou bien avoir un impact sur l’appareil reproducteur.
Là où il n’y a pas de consensus, cependant, c’est sur la quantité de pesticides nécessaires pour franchir les protections naturelles du corps humain.
Spécialiste de l’éthique alimentaire et auteure du livre Je mange avec ma tête, Élise Desaulniers explique que « ce que je conseille aux gens qui doivent faire des choix, c’est de privilégier l’achat de produits bio pour tout ce qui est importé ».
Les chercheurs de Stanford, en effet, ont démontré que s’il est vrai que l’alimentation biologique réduit considérablement l’exposition aux pesticides, l’alimentation « conventionnelle » est tout de même, en Amérique du Nord, exposée à des niveaux bien en deçà des « marges sécuritaires ».
Ce qui n’est pas le cas des fruits et légumes exotiques produits à l’étranger, par contre.
« Au Costa Rica, d’où proviennent plusieurs des fruits qui se retrouvent dans nos assiettes, ils utilisent les pesticides comme de l’eau », remarque Mme Desaulniers qui en appelle, dans un tel cas, à l’importance pour les consommateurs d’appliquer un principe de précaution.
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