25 000 $ par meurtre
Une « vaste entreprise guerrière », selon la thèse de la Couronne
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Chaque meurtre d’un rival dont la tête avait été mise à prix par les Hells Angels devait rapporter une prime de 25 000 $ à l’assassin, durant la guerre des motards qui a secoué le Québec.
C’est l’un des éléments de preuve que la Couronne entend démontrer lors des cinq mégaprocès de l’opération SharQc visant une centaine d’accusés, qui se tiendront à partir de cet automne, à Montréal.
Le Journal peut maintenant dévoiler certains volets de la thèse avancée par la poursuite — mais toujours contestée par la défense — puisque vendredi dernier, le juge Martin Vauclair, de la Cour supérieure, a partiellement levé l’interdit de publication qui la frappait jusque-là.
« Étendre leur empire »
Depuis le 20 mars, 23 membres ou associés du gang de motards ont renoncé à leur procès à la suite de négociations avec la poursuite et ont préféré plaider coupable à des accusations réduites de complot de meurtre.
Le 12 juillet dernier, Me Dannie Leblanc, procureure de la poursuite, a divulgué devant le juge James Brunton certains renseignements sur le financement de ce qu’elle a appelé la « vaste entreprise guerrière » des Hells Angels.
D’après l’enquête policière, les Hells Angels, cherchant à « étendre leur empire », ont comploté pour éliminer les trafiquants de drogue qui refusaient de s’approvisionner auprès d’eux, dont les Rock Machine et des vendeurs indépendants, entre 1994 et 2001.
10 % des profits
Selon la Couronne, les membres des Hells versaient 10 % des profits de leurs activités criminelles pour recueillir « de l’information sur l’ennemi » et pour l’achat d’armes, de munitions, de véhicules en vue de « faciliter la commission des meurtres ».
Au printemps 1997, les motards « ont voté en faveur de l’établissement d’une prime de 25 000 $ payée à même leur 10 % à tout membre des Hells Angels pour l’assassinat d’un membre Rock Machine », a mentionné Me Leblanc, en ajoutant que chaque meurtre devait être autorisé en comité.
• Selon la Couronne, tous les Hells Angels du Québec forment « une seule et même organisation vouée principalement au trafic de drogues ». Une théorie qui n’est admise par aucun de ses motards.
• Yves Leduc, membre du chapitre South, a été condamné à sept ans et demi de pénitencier, le 12 juillet, lui qui ne devait subir son procès qu’à l’été 2013.
Début du dernier des 5 mégaprocès (chapitre de Montréal)