Tout mais pas lui
La réinsertion de Guy Turcotte s’annonce pleine d’embûches
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Guy Turcotte n’est pas au bout de ses peines, s’il souhaite renouer avec la pratique de la médecine. Tant au niveau du Collège des médecins que des patients.
C'est ce qu'a constaté le Journal, au lendemain de la décision de la Commission d’examen des troubles mentaux de le libérer sous conditions.
Même si Guy Turcotte a été libéré et jugé non criminellement responsable du meurtre de ses deux enfants, le Collège des médecins du Québec n’est pas obligé de lui remettre sa licence.
«Il n’y a aucune réinsertion automatique», insiste la porte-parole de l’organisme, Leslie Labranche. (voir autre texte).
Christiane Petit, qui est actuellement en attente d’une seconde chirurgie cardiaque préfèrerait quant à elle attendre plutôt que d’être soignée par l’ex-détenu.
«Je ne pourrais pas mettre mon sort entre ses mains, je n’aurais aucune confiance», a-t-elle confié au Journal.
Depuis plus de 10 ans, la quinquagénaire a écumé plus d’une salle d’attente d’hôpital. Opérée pour des malformations cardiaques en 1995, elle est suivie depuis par une équipe de cardiologues.
Pour elle, il serait hors de question que Guy Turcotte en fasse partie :
«Le revoir médecin dans un hôpital, pour moi, vraiment, c’est non! C’est une question de valeurs. Il a tué deux enfants et il n’a pas été puni pour ça!»
Guy Turcotte a manifesté le souhait de reprendre la pratique médicale. Son psychiatre, le Dr Louis Morissette l’encourage dans cette voie en lui recommandant de présenter une demande de licence au Collège des médecins.
Projet à long terme
Il s’agit néanmoins d’un projet à long terme : «Il n'est pas question à court terme de faire des démarches pour reprendre la cardiologie», a lancé Guy Turcotte lors des audiences de la Commission d’examen des troubles mentaux.
Pour le moment, l’ex-cardiologue affirme vouloir consacrer son énergie à sa psychothérapie et à son bénévolat. Une activité qui n’a pas été évidente à dénicher puisque plusieurs organismes ont refusé ses services.
Il espère trouver un emploi de bureau qui lui permettra de se réinsérer progressivement sur le marché du travail. Un projet qu’approuve l’équipe médicale de l’Institut Philippe-Pinel où il était interné.
Devenant très émotif quand il évoquait le retour au travail, Guy Turcotte a souligné plus d’une fois dans son témoignage que son métier de médecin lui permettait d’être utile à la société.
«J'aimerais ça rendre service, travailler, pouvoir accomplir plus. Je ne sais pas jusqu’à quel point je vais être capable, mais c’est ce que je veux et ce que je vise», a-t-il dit.
La Commission d’examen des troubles mentaux n’impose aucune condition à ses activités professionnelles.
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Guy Turcotte
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