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De Broue à Cul Sec

De Broue à Cul Sec


Le metteur en scène et comédien français Thomas Le Douarec met en scène et adapte la pièce québécoise Broue au Festival OFF d’Avignon cet été. Baptisée Cul Sec, la pièce est présentée au Théâtre Arto, une petite salle de 70 places, jusqu’au 31 juillet prochain. Thomas Le Douarec m’a donné rendez-vous dans la grande maison de campagne qu’il loue près d’Avignon avec ses comédiens pour discuter de son adaptation française de la célèbre pièce québécoise. Rencontre autour d’un petit-déjeuner au chant des cigales sous le chaud soleil du midi de la France.

Il y a cinq ans, Thomas Le Douarec découvrait le film culte québécois Cruising Bar. Il avait adoré même s’il ne comprenait pas tout.

Le Douarec était alors au Québec pour présenter sa mise en scène des Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus. Un ami lui a ensuite conseillé d’aller voir la pièce Broue, dans laquelle joue également Michel Côté. Il l’a aimée aussi, même si plus de 50 % de la pièce lui échappait. Il a alors voulu monter le spectacle en France en l’adaptant pour le public français.

Thomas Le Douarec admire la «simplicité» dans le théâtre et le cinéma québécois. «C’est reposant, ajoute-t-il. Les Québécois n’ont pas ce complexe de tout intellectualiser. J’aime la France et le théâtre français, mais ici, il y a quelque chose de snob, de guindé.»

Après avoir rencontré ceux qu’il appelle «les trois M» (Michel Côté, Marc Messier et Marcel Gauthier), Thomas Le Douarec a trouvé des producteurs belges qui ont accepté de monter la pièce. Mais au bout de quelque temps, le projet a avorté. Les producteurs n’y croyaient plus.

Le Douarec a donc continué seul, a écrit, réécrit une deuxième et puis une troisième version à partir du texte original de 1979, qui était un peu désuet puisque Broue a beaucoup évolué depuis trente ans. C’est toutefois cette troisième adaptation qui a plu aux sept auteurs québécois de Broue. Un mélange entre la version québécoise, belge (parce que la pièce a été adaptée sous le titre Chez Willy en Belgique) et une version française traduite mot à mot. Thomas Le Douarec détenait alors son texte, mais n’avait toujours pas de producteurs.

Il a alors mis son projet de côté et a travaillé sur d’autres, comme metteur en scène et comme comédien. Il devait d’ailleurs, au départ, présenter un autre spectacle cet été à Avignon à la place de Cul Sec.

VÉRITABLE TREMPLIN

Les choses ne se sont toutefois pas passées comme prévu et Le Douarec a ressorti Cul Sec de son tiroir et s’est dit qu’il devait peut-être profiter de l’opportunité pour la jouer. «Avignon, c’est très onéreux pour une compagnie, mais ça donne l’occasion de tester un spectacle et ça peut devenir un véritable tremplin», souligne-t-il.

Michel Côté l’a encouragé en lui disant: «Vas-y, fais-la tout seul!» Le Douarec a alors décidé de se lancer et de la monter sans producteur à Avignon. «J’ai toujours été beaucoup soutenu par Michel Côté dans mon projet», reconnaît-il.

L’auteur et comédien québécois est d’ailleurs venu lui rendre visite début juin à Paris lors des répétitions et a pu conseiller les acteurs sur certains personnages. Après la première à Avignon, Thomas Le Douarec a reçu un coup de fil de Michel Côté qui souhaitait savoir comment ça s’était passé. L’acteur ne pourra pas venir voir la pièce à Avignon cet été, mais son fils Maxime essaiera d’y être, a précisé Le Douarec.

VRAIE PIÈCE D’ACTEURS

Après avoir pris la décision de présenter Cul Sec à Avignon, tout s’est passé très vite. Son adaptation était prête depuis longtemps, mais Thomas Le Douarec devait alors trouver des acteurs capables de composer des personnages.

Le metteur en scène a fait appel à trois comédiens avec qui il avait déjà travaillé, Didier Constant, Christian Mulot et Philippe Vieux. La lecture s’est faite en mai, les répétitions en juin et le 6 juillet, les trois acteurs étaient sur scène au Théâtre Arto à Avignon pour la grande première.

«C’est une vraie pièce d’acteurs, souligne Thomas Le Douarec. Nous sommes des artisans, on cherche à être le plus confortables dans le rôle», ajoute-t-il.

Pour Didier Constant et Philippe Vieux, le plus dur dans cette pièce est de «trouver la comédie dans le texte» et de «trouver le bon ton». Pour les deux acteurs, incarner cette galerie de personnages grotesques «c’est la récréation». «C’est du clown», se réjouit Philippe Vieux.

En adaptant les dialogues de Broue, «l’ambition était de faire un spectacle français», précise Thomas Le Douarec. «Le souhait, c’était de ne pas essayer de refaire Broue, mais de faire une vraie création.» De toute façon, les sept auteurs québécois de la pièce n’auraient pas accepté.

En montant Cul Sec à Avignon, le souhait de Thomas Le Douarec et des comédiens serait ensuite de présenter la pièce à Paris. D’ici là, les acteurs auront le temps de la roder un peu sur scène pendant les trois semaines du festival.

 







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