Les 3 p’tits cochons adapté en France
L’adaptation française de la comédie québécoise Les 3 p’tits cochons de Patrick Huard vient de sortir en salles en France. Rebaptisé Le grand méchant loup, le film met en scène Benoît Poelvoorde, Kad Merad et Fred Testot dans le rôle des trois frères, et l’actrice québécoise Charlotte Le Bon.
Les deux réalisateurs Nicolas Charlet et Bruno Lavaine reprennent ainsi la structure du film de Patrick Huard en faisant ressortir davantage la fragilité des trois frères et en adaptant les dialogues, un peu moins crus dans cette nouvelle version.
Henri (Merad), Philippe (Poelvoorde) et Louis (Testot) reprennent les rôles de Paul Doucet, Claude Legault et Guillaume Lemay-Thivierge, et se retrouvent donc, comme dans la version québécoise, à l’hôpital autour de leur mère dans le coma. Alors qu’ils menaient tous les trois une vie heureuse, du moins c’est ce qu’ils croyaient, ce drame les amène à se questionner sur le sens de leur vie, la fidélité et l’infidélité.
Crise de la quarantaine
Le démon de midi frappe à leur porte et pour Philippe, 42 ans, c’est sous les traits d’une magnifique jeune comédienne, Natacha (interprétée par la pétillante Charlotte Le Bon, qui reprend le rôle joué par Mahée Paiement), qu’il se manifeste. Philippe n’est pourtant pas malheureux auprès de sa femme (Valérie Donzelli) et de leurs deux enfants, mais il a l’impression de passer à côté de sa vie. Il veut se sentir vivant et, auprès de la drôle et séduisante Natacha, il retrouve l’ardeur de ses 20 ans. La conscience tranquille en moins.
Sa maison en bois n’est pas assez solide pour encaisser le coup et il se retrouve chez son frère cadet Louis, un prof d’aïkido accro au porno marié à une policière rigide (Léa Drucker), dont la maison en paille prendra rapidement feu.
Les deux hommes iront donc sonner à la porte de leur aîné, Henri, homme d’affaires marié (Zabou Breitman joue sa femme) avec deux enfants, une grande maison, un chien et une piscine. Le grand frère raisonnable et sérieux fait la leçon aux plus jeunes, mais, finalement, il cache peut-être seulement mieux son jeu.
Une bonne distribution
Le trio d’acteurs formé par Poelvoorde, Merad et Testot fonctionne bien. Benoît Poelvoorde est particulièrement drôle, attachant et émouvant dans son rôle d’homme en pleine crise de la quarantaine qui voudrait le beurre et l’argent du beurre, soit sa femme, sa vie de famille et sa maîtresse. Avec Charlotte Le Bon, il forme un couple d’amants surprenant et attendrissant.
Pour l’actrice québécoise, qui s’est fait connaître en France comme Miss Météo à l’émission Le Grand Journal, il s’agit ici de l’un de ses premiers tournages puisque le film a été réalisé en 2011. On a pu voir Charlotte Le Bon depuis dans Astérix et Obélix: au service de Sa Majesté, La stratégie de la poussette et L’écume des jours. Charlotte Le Bon incarnera également la mannequin Victoire Doutreleau dans le film Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert.
Pourquoi adapter ?
On peut maintenant s’interroger sur la nécessité de faire un remake français d’un film québécois. Le film de Patrick Huard, Les 3 p’tits cochons, était pourtant sorti au cinéma en France en 2008. Le film était sous-titré comme la plupart des films québécois projetés en France, afin que les cinéphiles puissent saisir toutes les subtilités des expressions québécoises. Certains médias avaient été conquis par le film, d’autres moins.
L’accueil pour Le grand méchant loup est semblable et les deux trios d’acteurs, français et québécois, sont tout aussi convaincants. La même chose s’était produite il y a quelques années avec Les Invincibles, la série ayant été adaptée en France avec des acteurs français.
Les Français ont-ils tant besoin de se retrouver dans un film pour s’y intéresser? La France est pourtant un pays de cinéphiles et a une longue tradition de cinéma d’auteur. À l’heure où les artistes québécois s’exportent de plus en plus en France, cette adaptation cinématographique laisse tout de même un peu perplexe sur la relation qu’entretiennent les Français avec le cinéma québécois.