Roy Lichtenstein en rétrospective
Le Centre Pompidou consacre une exposition complète sur les célèbres peintures de l’artiste américain
PARIS | À Paris, le Centre Pompidou consacre une grande rétrospective à l’artiste américain Roy Lichtenstein, la première jamais réalisée en France. Une exposition complète qui montre que ses célèbres peintures de bandes dessinées ne sont pas si futiles qu’elles en ont l’air.
Son nom n’est peut-être pas aussi connu du grand public qu’un Andy Warhol, mais Roy Lichtenstein n’en demeure pas moins l’un des grands maîtres du pop art.
À l’instar de Warhol, de ses soupes Campbell et de ses Marilyn Monroe, Lichtenstein puise dans la société de consommation américaine pour bâtir une partie de son œuvre. Bien qu’il se soit intéressé à reproduire en peinture des objets courants de la classe moyenne américaine des années 1960 tels un pneu, une balle de golf, un cahier d’écolier ou une radio portable, c’est en s’inspirant des fameux comics qu’il a obtenu une reconnaissance internationale.
Ses peintures de personnages de bandes dessinées comme Mickey Mouse ou Donald Duck, mais aussi et surtout ses vignettes de comics américains agrandies représentant des histoires de guerre ou des romances fleur bleue à la limite du kitsch avec femme blonde larmoyante espérant le retour de son homme, sont reconnaissables entre mille.
De véritables icônes
Ces images aux couleurs primaires criardes réalisées à l’aide de lignes nettes et de points sont devenues de véritables icônes. Elles pourraient être sans grand intérêt si on ne connaît pas le long processus qui se cache derrière.
L’exposition nous donne d’ailleurs quelques pistes intéressantes en soulignant que l’artiste américain, décédé en 1997 à New York, procédait toujours de la même façon dans son atelier. Il réalisait d’abord un dessin qu’il projetait sur la toile et peignait ensuite en disposant ses toiles sur un chevalet tournant.
Lichtenstein utilisait également un miroir lorsqu’il peignait afin de pouvoir regarder le reflet de sa toile comme s’il l’a voyait pour la première fois.
«Je veux que mon tableau ait l’air d’avoir été programmé. Je veux cacher la trace de ma main», a un jour déclaré l’artiste, qui faisait preuve d’une grande minutie.
Roy Lichtenstein avait aussi un fort penchant pour les objets qui réfléchissent, comme les miroirs, les verres, l’eau ou les lampes. Des objets qu’il peignait, mais qu’il matérialisait aussi en sculptures en utilisant toujours ses couleurs de prédilections: le jaune, le rouge et le bleu.
L’exposition nous montre ainsi que l’œuvre de Roy Lichtenstein est également composée de nombreuses sculptures et estampes.
Expressionnisme abstrait
En 1965, l’artiste a commencé à travailler sur le «coup de pinceau» qu’il allait décliner en peintures et en sculptures. Lichtenstein souhaitait ainsi représenter la spontanéité du geste du peintre et, en ce sens, il faisait référence à l’expressionnisme abstrait. «Quand les coups de pinceau sont visibles sur une toile, on y voit un côté grand geste. Mais entre mes doigts, le coup de pinceau devient la représentation de ce grand geste. Il y a ainsi une contradiction frappante entre ce que je dépeins et comment je le dépeins», analysait Lichtenstein.
Comme le souligne la commissaire de l’exposition, Camille Morineau, «sa relecture des mouvements d’avant-garde en fait le premier artiste postmoderne». Dès 1962, Lichtenstein commença à peindre des reproductions d’œuvres de Picasso, Mondrian ou Cézanne. Ces toiles lui vaudront d’ailleurs d’être accusé de plagiat par certains critiques américains. L’exposition présente entre autres trois tableaux inspirés de La cathédrale de Rouen de Monet et un Mondrian bardé de points intitulé Non-Objective.
Cette grande rétrospective, qui regroupe 124 œuvres, nous invite donc à aller au-delà du pop art et des peintures iconiques de Lichtenstein. On découvre ainsi un expérimentateur, un artiste ancré dans son époque, mais qui s’ouvre aussi à l’histoire de l’art. Ce qui frappe aussi, c’est à quel point l’artiste a intellectualisé et réfléchi son œuvre, le tout, avec un certain détachement et une belle ironie, comme lorsqu’il peint un atelier d’artiste avec ses œuvres accrochées aux murs.
► L’exposition Roy Lichtenstein est présentée au Centre Pompidou à Paris jusqu’au 4 novembre 2013.