Pas facile de tourner la page pour l'équipe
« Je parle toujours de la série au présent. Pourtant, tout est terminé et ça me fait de la peine », a indiqué Vince Gilligan, créateur de Breaking Bad alors qu’il s’adressait aux membres de l’Association des critiques de télévision.
Il venait à peine de compléter cette phrase que Betsy Brand (Marie Schrader) éclatait en sanglots, Anna Gunn (Skyler White) essuyait une larme et Aaron Paul (Jesse) cessait de se tortiller sur sa chaise pour la réconforter.
La huitième et dernière saison de Breaking Bad sera diffusée à compter du 11 août sur le réseau AMC. Étant donné qu’il s’agit de la série qui a obtenu les meilleures critiques de toute l’histoire de la télévision, on peut facilement comprendre qu’autant les comédiens que les artisans qui ont participé à ce projet ont de la difficulté à lâcher-prise.
RECONNAISSANT
Quoi qu’il en soit, Gilligan insiste sur le fait qu’il ne s’est jamais soucié de la place qu’occupait Breaking Bad dans l’histoire de la télévision.
«Je me sens toujours un peu con lorsque je raconte ça, mais je passe beaucoup plus de temps sur internet à lire des niaiseries que j’en passe à voir ce que l’on raconte sur la série ou sur moi. Je n’ai jamais “googlé” la série et je ne me suis jamais “googlé” moi non plus.»
«Si je fais ça, c’est parce que j’ai besoin de me protéger. Si j’étais capable de dénicher un terrier de lapins, j’irais tout de suite m’y cacher.»
«Cette série n’existerait pas sans les admirateurs et sans les critiques, les journalistes, tous ces gens qui nous ont fait une excellente publicité en disant dès le départ à leurs parents et à leurs amis: ne ratez pas ça! Je suis très reconnaissant à tous ceux et celles qui ont contribué au succès de Breaking Bad.»
SOMBRE
Breaking Bad, c’est l’histoire de Walter White (Bryan Cranston), un professeur de chimie qui se lance dans la production de méthamphétamine (crystal meth) pour assurer l’avenir de sa famille après qu’il eut reçu un diagnostic de cancer.
À partir de là, la série a entraîné les spectateurs dans un périple du côté le plus sombre de l’âme. La transformation de Walter a été étonnante. Autant la maladie que les circonstances de sa nouvelle vie l’ont conduit très près de la mort. Au lieu de le décourager, cela a eu l’effet pervers de lui donner encore plus d’énergie.
«Je ne veux pas faire le drôle ou avoir l’air farceur, mais je ne peux pas me rappeler qu’elles étaient mes intentions de départ. Lorsque j’ai présenté le projet aux studios, je leur avais dit qu’on allait prendre le brave M.Chips pour en faire un Scarface. Au cours des six dernières années, c’est ce que l’on s’est employé à faire, ce qui nous laissait tout de même beaucoup de la latitude pour changer les intrigues. Je ne peux même pas me rappeler qu’elle était la conclusion que j’envisageais à l’époque. Je n’étais pas capable de voir aussi loin à l’avance.»
Parions que c’est un peu l’histoire de son héros, Walter White, qui était lui aussi incapable d’envisager l’avenir à long terme lorsqu’il a commencé à concocter de la méthamphétamine.