Des projets plein la tête
Voilà une phrase qui pourrait bien expliquer la longévité de Charles Aznavour. L’artiste français de renommée internationale, aux millions d’albums vendus, aurait pu prendre sa retraite depuis longtemps. Mais, à 89 ans, il se verrait bien chanter devant les pyramides d’Égypte. Il est comme ça Aznavour, toujours la tête pleine de projets et une curiosité insatiable.
Lorsque nous pénétrons dans son bureau, après avoir été accueilli par son assistant personnel, l’auteur-compositeur et interprète est assis derrière une grande table. Il est 15h et il travaille. Aznavour ne s’arrête jamais. Même lorsqu’il est loin de sa résidence principale, près de Lausanne en Suisse. Même dans cette villa de Provence gorgée de soleil et de lumière qu’il qualifie de «maison d’été» plutôt que de «maison de vacances». Même lorsque la famille y est. Ce jour-là, son fils Misha et sa petite-fille Leïla, 11 ans, profitent paisiblement du soleil et de la piscine.
DEUX COMÉDIES MUSICALES
Charles Aznavour planche en ce moment sur deux comédies musicales. L’une d’entre elles, qui s’intitule Vivre ma vie et sur laquelle il travaille depuis un an, sera montée aux États-Unis. Il en est encore à chercher un traducteur américain parce que la version anglaise ne leur convient pas.
Pourtant, Aznavour ne cache pas sa préférence envers l’anglais britannique, qu’il trouve «plus riche en vocabulaire». «En Amérique, j’ai l’impression qu’ils n’achètent pas de dictionnaires de synonymes», regrette cet amoureux des mots.
Un autre projet de comédie musicale, écrit pour Liza Minnelli cette fois-ci, est également en cours.
UN DERNIER FILM
«Le problème avec le cinéma, c’est qu’il faut arrêter tout pendant deux mois et je n’ai pas le temps», nous dit Aznavour. Il avait pourtant déjà déclaré que pour lui, le cinéma, c’était terminé. Mais le chanteur, qui a commencé sa carrière au théâtre et qui a joué dans quelque 80 films, a fait une exception en acceptant un petit rôle dans le prochain film de Jean-Pierre Mocky. Il s’est laissé convaincre lorsque le cinéaste lui a dit qu’il jouerait aux côtés de Jean-Paul Belmondo et d’Alain Delon, notamment.
«J’ai accepté parce qu’il m’a promis que je n’aurais pas trop de lignes à apprendre. J’ai fait son premier film (Les dragueurs) et il fera mon dernier.» La boucle est bouclée donc.
UNE PASSION POUR LA PHOTO
Charles Aznavour est un passionné de photographie depuis toujours. Il se lève alors pour ouvrir les tiroirs d’un classeur et nous dévoiler ses archives personnelles. On y découvre des dizaines de CD où il a minutieusement sauvegardé les photos qu’il a prises tout au long de sa vie. L’homme est bien ordonné, il l’avoue, et aime que les choses soient bien rangées. Il nous montre quelques photographies en noir et blanc qui datent de l’époque de l’argentique, avec ce son si caractéristique qu’il aimait entendre lorsque l’appareil se déclenchait. Sur l’une d’entre elles, prise au Québec, on y voit sa première femme et son ami Jean Roche, celui avec qui tout a commencé.
Aujourd’hui, Aznavour est passé au numérique et continue de photographier les gens, les lieux, ses chiens, s’intéresse au matériel du photographe du Journal, parle de son nouveau Canon reflex. Il apporte toujours un appareil avec lui en voyage.
«Je trouve que la photo est plus intéressante que le film. Elle est plus éducatrice que le film», croit-il en expliquant que l’on se rappelle davantage des détails et du contexte entourant la photo que d’une vidéo.