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Promoteur noyé à Terrebonne

Promoteur noyé à Terrebonne
photo courtoisie Odette Nadon

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Un promoteur immobilier de ­Terrebonne accuse le ministère des Transports d’avoir transforméses terres en marécage inexploitable, avec la complicité du ministère de ­l’Environnement et de la Ville.

Un promoteur immobilier de ­Terrebonne accuse le ministère des Transports d’avoir transforméses terres en marécage inexploitable, avec la complicité du ministère de ­l’Environnement et de la Ville.

Héritage Terrebonne possède 200 hectares de terrain le long de l’A640. Située non loin de l’hôpital Le Gardeur, des grands axes routiers et d’une future gare de train de banlieue, cette ­propriété équivalant à quelque 500 terrains de football vaut de l’or. À terme, le ­promoteur comptait y investir la somme colossale de 2 milliards $.

« Écosystème prioritaire »

Mais depuis la construction d’un échangeur à la hauteur de la montée des Pionniers en 2007, le projet a pris l’eau. Un marécage est né au milieu de la forêt d’Héritage ­Terrebonne.

Les propriétaires ne peuvent donc plus y faire grand-chose, à part observer la multiplication des grenouilles et des poissons à bord des véhicules amphibies dont ils ont dû faire l’acquisition pour se déplacer sur leurs terres.

Ils ont tenté de drainer le terrain, mais Québec leur a imposé en février une ­ordonnance ministérielle pour qu’ils déposent leurs outils.

Le ministère de l’Environnement considère que les terres d’Héritage ­Terrebonne sont toutes situées dans le Boisé humide du Ruisseau de feu, «un écosystème prioritaire à des fins de conservation et de mise en valeur».

Alain Rochon, directeur adjoint au ministère, explique que le secteur abrite «un vaste complexe de milieux humides composés de tourbières boisées et de marécages très importants pour Lanau­dière».

Sans se prononcer sur ce cas particulier, la professeure Stéphanie Pellerin, de l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal, souligne qu’il manque tant de milieux humides dans le sud du Québec que dès qu’il y en a un qui émerge, il ne peut qu’être ­bénéfique.

Et ce n’est pas seulement une question de biodiversité, insiste-t-elle: «Ce n’est pas parce qu’il y a juste quelques grenouilles et des quenouilles que ça n’a pas d’intérêt. Il faut prendre en compte la valeur dans le système hydraulique global» (voir autre article).

« Disneyland à moustiques »

Mais l’avocate d’Héritage Terrebonne, Odette Nadon, estime plutôt que son client a hérité d’«un Disneyland à moustiques».

Pour elle et son équipe d’experts, le ministère des Transports a créé «un barrage hydraulique empêchant le ­drainage naturel du milieu et créant un milieu humide artificiel», peut-on lire dans les documents de cour.

Or, «un milieu créé par une ­déficience humaine ne doit pas être ­protégé par la Loi sur la qualité de ­l’environnement», estime Me Nadon.

Pour cette experte en ­litiges environnementaux, le site n’a pas de valeur ­écologique.

Mais «la valeur écologique d’un site, c’est la valeur qu’on veut bien lui donner», corrige la biologiste Stéphanie Pellerin.

«Les promoteurs peuvent être frustrés parce qu’on cesse de drainer autour de leurs terrains, qui deviennent des milieux humides. Mais si [...] ça devient un ­milieu humide, c’est que ça l’était probablement il y a plusieurs années», ­explique-t-elle.

« Expropriation ­déguisée »

Me Nadon n’a toutefois pas l’intention de conseiller à son client de se convertir à la pêche.

Elle plaide qu’il est privé de «la jouissance paisible et de la libre disposition de ses terrains» garantie par la Charte des droits et libertés de la personne.

«C’est une expropriation déguisée, sans indemnité, gronde-t-elle. Si le gouvernement veut faire un milieu humide sur nos terres, qu’il nous exproprie en suivant les règles.»


  • Héritage Terrebonne poursuit le ministère des Transports, celui de l’Environnement et la MRC des Moulins, dont fait partie Terrebonne. Le procès doit avoir lieu en octobre 2014.
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