Bébé décédé faute de soins
Une femme enceinte n’avait pas droit aux soins gratuits parce qu’elle n’a pas de statut légal au Canada
Une Montréalaise sans statut légal au Canada vit un drame incommensurable depuis qu’elle a perdu son bébé, faute de soins adéquats. Elle-même a failli y passer.
«C’est inhumain», souffle Carlos Gramajo, le père de l’enfant et mari de Mirna Maradiaga Hernandez.
Arrivée au Québec en 2010, la femme de 36 ans s’est vu refuser le statut de réfugiée même si elle affirme être menacée par des gangs de rue au Honduras. Elle n’a donc eu droit à aucun soin de santé gratuit, même si sa vie était en jeu, et n’avait pas les moyens de payer elle-même.
«La première fois qu’elle est allée chez le médecin, il a dit que sa grossesse était à risque, raconte M. Gramajo, 60 ans. Elle aurait dû avoir un suivi à l’hôpital, mais on demandait 350 $ pour l’échographie et 700 $ pour chaque rendez-vous. J’ai dit merci beaucoup et j’ai raccroché. Je ne suis pas millionnaire!»
10 jours à l’hôpital
Sa femme souffrait de prééclampsie, qui se caractérise notamment par de l’hypertension et peut mener à des convulsions possiblement mortelles pour la mère et l’enfant.
Mme Hernandez a pris plusieurs rendez-vous en clinique chez un médecin charitable qui lui chargeait 25 $ par consultation au lieu des 200 $ habituellement demandés.
À sa dernière visite, le médecin lui a ordonné de se rendre à l’hôpital sinon elle risquait de mourir dans les heures suivantes tellement son état était grave. Mais à son arrivée au centre hospitalier, il était trop tard. Le bébé avait déjà rendu l’âme.
Ses reins et son foie gravement atteints, Mme Hernandez a elle-même passé 10 jours à l’hôpital. En plus d’avoir à vivre avec un deuil douloureux, le couple hérite maintenant d’une facture de 40 000 $ pour les soins hospitaliers, en plus des 5000 $ déjà dépensés pour les visites à la clinique et les médicaments.
Bébé canadien
Originaire du Guatemala, M. Gramajo est citoyen canadien depuis 1992. Celui qui travaille comme responsable de la facturation pour un distributeur de vêtements a rencontré sa femme dans une église baptiste de la métropole. Ils se sont mariés en octobre 2012.
«Mon fils allait être un citoyen canadien, souligne Carlos Gramajo. Qui va m’aider? Je suis pourtant dans mon pays.»
Le couple allait justement entamer les démarches de parrainage en vue de la résidence permanente de Mme Hernandez lorsqu’elle est tombée enceinte. Comme un demandeur doit retourner dans son pays le temps des procédures, ils ont préféré attendre la naissance de l’enfant avant de faire la demande.
Après ce drame, M. Gramajo espère que sa femme puisse rester ici pendant les démarches.
«C’est ce qui est le plus dur pour moi.
Ma femme n’est pas prête à retourner au Honduras à cause de sa santé», affirme-t-il.