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Quand le C. difficile rôde



Dimanche après-midi, une patiente âgée de 82 ans me téléphone à la pharmacie pour obtenir des  Imodium(MD), car elle a une diarrhée. Question 1 : « Combien d’épisodes de diarrhée au cours des dernières 24 heures? » Plusieurs fois depuis la veille. Elle est presque constamment à la toilette. Tout en consultant son dossier médicamenteux à l’ordinateur, je lui demande si elle a pris des antibiotiques récemment? Oui. A-t-elle été hospitalisée récemment? Oui. A-t-elle été infectée par le C. difficile? Oui, mais elle est revenue à la maison et va mieux depuis deux semaines.

Malheureusement, dans ce contexte, les risques d’une récurrence d’infection au C. difficile sont élevés et prendre de l’Imodium(MD) ralentirait les mouvements de son intestin et pourrait aggraver sa condition. Il vaut donc mieux éviter d’en prendre.

Environ 5 % de la population est porteuse de la bactérie C difficile et ne ressent aucun symptôme. Ces personnes n’ont besoin d’aucun traitement, car la bactérie vit en équilibre avec les autres bactéries présentes normalement dans l’intestin.

Toutefois, après un traitement aux antibiotiques, l’équilibre au niveau de la flore intestinale est perturbé et le C. difficile en profite pour se multiplier et produire une toxine qui cause de la diarrhée. Une diarrhée sévère, nauséabonde, verdâtre et accompagnée de crampes. Parfois de la fièvre, du sang et une sorte de mucus dans les selles (semblables à des membranes) sont présents, mais pas toujours. Les personnes plus vulnérables développeront une inflammation grave de l’intestin, une déshydratation importante qui peut mettre la vie en danger.

Comment se transmet le C. difficile ?

Par les mains contaminées de la personne qui souffre de diarrhée. Les visiteurs peuvent attraper et propager l’infection s’ils touchent le malade ou des objets qu’il a manipulés comme la chasse d’eau, les robinets ou les poignées de porte.

On isole la personne et on vous demandera, comme visiteur, d’enfiler une blouse à manches longues et des gants. Il faut désinfecter la chambre, chaque jour, et ce, au moins pendant 72 heures après la fin de la diarrhée. Pour se débarrasser des spores sur la peau, il faut laver les mains à l’eau savonneuse après chaque contact. L’alcool de type «Purell» n’est pas efficace pour détruire le C. difficile.

Pour désinfecter les objets, on recommande une solution constituée de 10 ml d’eau de javel et de 90 ml d’eau. Les vêtements peuvent être lavés à l’eau chaude avec un détergent habituel.

Traitement

L’infection doit être évaluée par un médecin. Si un traitement est nécessaire, des antibiotiques seront prescrits. Le métronidazole et la vancomycine sont les traitements habituellement utilisés. Malgré un bon choix de traitement, il arrive que l’infection recommence dans les semaines qui suivent. 

Quand l’infection continue de rôder

Les personnes âgées, celles qui ont des maladies chroniques, qui ont été ou qui sont hospitalisées et qui ont pris des antibiotiques jusqu’à 8 semaines plus tôt sont très à risque de développer cette infection. Mais en plus, elle peut revenir.

À la troisième récurrence, on donne des doses plus élevées d’antibiotique, mais on recommande aussi parfois un traitement assez inusité: la transplantation, dans l’intestin de la personne infectée, de selles provenant d’une personne en santé! Pour ce faire, on peut utiliser différentes techniques, dont des lavements rectaux. Mais voici que la semaine dernière, on apprend qu’un médecin spécialiste de la région de Calgary, Dr Thomas Louie a raffiné la technique et a réussi à isoler les bonnes bactéries présentes dans les selles et à les intégrer dans des comprimés que le patient avale. Une dose comporte  24 à 36 gélules qui possèdent trois revêtements, car elles doivent résister aux mécanismes de digestion de l’estomac. Les bactéries guérisseuses rejoignent finalement l’intestin du malade et refont la flore intestinale normale. Vingt-sept patients, qui en étaient tous à leur quatrième épisode de C. difficile ont bénéficié de ce traitement prometteur sans présenter  de récidives. Il faudra bien sûr d’autres études avec des groupes plus grands, mais la piste semble intéressante et le mode d’administration définitivement plus facile que la transplantation dans l’intestin.







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