Nausées et vomissements liés à la chimiothérapie
Deux Canadiens sur cinq développeront un cancer au cours de leur vie et un Canadien sur quatre en mourra.
En 2013, toutes les heures, 21 Canadiens apprennent qu’ils ont un cancer. Tous cancers confondus, le taux de survie après cinq ans est de 63 %. Plusieurs cancers sont traités par la chimiothérapie et à peu près tout le monde a un proche qui a déjà reçu des traitements de chimiothérapie et a été incommodé par des nausées et des vomissements (NV). Toutefois, tous les traitements de chimiothérapie ne causent pas nécessairement des NV.
À quel moment les NV risquent-ils d’apparaître?
On parle de trois types de nausées et vomissements. Les NV aigus, qui s’installent dans les 24 heures suivant la chimiothérapie. Le plus souvent, ils commencent le soir ou le lendemain du traitement. Les NV différés, qui apparaissent plus de 24 heures après le traitement et enfin les NV anticipés. Les nausées d’anticipation sont associées au souvenir des nausées d’un traitement précédent ou encore au stress et à l’inquiétude du traitement à venir. Elles peuvent survenir la veille du traitement.
En général, les vomissements durent rarement plus de 24 heures, mais les nausées peuvent persister 2 à 3 jours. Certaines personnes sont plus susceptibles de ressentir les NV et certains traitements sont connus pour en causer davantage. Le cisplatine, par exemple, en cause dans plus de 90 % des cas, alors que la vincristine n’en est responsable que dans moins de 10 % des traitements.
Combiner des médicaments pour mieux agir
Les traitements de chimiothérapie causent principalement des NV en agissant au niveau de la zone chimioréceptrice réflexogène, aussi appelée zone gâchette ou chemoreceptor trigger zone (CTZ) en anglais. Cette zone est influencée par tout ce qui circule dans le sang: les médicaments, les ions, les toxines ainsi que la radiothérapie. Elle transmet des informations directement au centre du vomissement. Les antagonistes de la sérotonine comme l’ondansétron (Zofran®), le dolasétron (Anzemet®), le granisétron (Kytril®) et le palonosétron (Aloxi®) agissent efficacement sur cette zone. On les associe souvent à d’autres médicaments comme les antagonistes des récepteurs de la neurokinine 1 (aprépitant, fosaprépitant) et à la dexaméthasone, un dérivé de la cortisone. L’association de ces trois familles d’antiémétiques représente le schéma le plus efficace contre les NV aigus.
La prochlorpérazine, le métoclopramide, l’halopéridol et l’olanzapine sont aussi utilisés. Si vous cherchez ces médicaments sur internet, vous trouverez qu’on les utilise, pour la plupart, comme antipsychotiques, mais ils apportent de réels bienfaits contre certains types de NV.
Contre les nausées d’anticipation, on utilise Ativan® et Xanax®, souvent en association avec d’autres antinauséeux.
Le dimenhydrinate, mieux connu sous le nom de Gravol®, est utile contre les nausées associées au mal du transport, mais n’est pas plus efficace que le placebo contre les nausées et vomissements liés à la chimiothérapie, car il agit sur l’appareil vestibulaire de l’oreille et sur le centre du vomissement, mais pas sur la zone chimioréceptrice dont nous avons parlé plus tôt et qui est la zone touchée par la chimiothérapie.
Trente pour cent des personnes abandonnent leur traitement de chimiothérapie à cause des nausées et vomissements. Dans certains cas, cela peut sérieusement compromettre leur espérance de vie. Tout doit donc être mis en œuvre pour prévenir ces effets secondaires et, lorsqu’ils apparaissent, les soulager le plus vite et le plus efficacement possible.