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Le Canada...corps étranger



Je n’ai pas vraiment été surpris par la déclaration de Jean-François Lisée sur le Canada. Il ne nous a pas habitués depuis 20 ans à accepter que le Québec soit partenaire dans une fédération à laquelle notre province a adhéré librement il y a plus ou moins 150 ans.

Il a toujours considéré le Canada comme un autre «pays», une entité politique différente qui non seulement a mal servi le Québec, mais a tout fait pour contrer les aspirations légitimes de sa population. Toute cette argumentation ne peut nous conduire qu’à un choix logique: l’indépendance du Québec.

Dans sa justification qui a suivi les critiques de certains éditorialistes et représentants de partis politiques, nous avons droit à une énumération de décisions fédérales qui ont le tort immense «de venir de l’extérieur».

J’ai eu la responsabilité comme membre du gouvernement fédéral de cinq ministères différents. J’ai donc eu à faire face à plusieurs contentieux impliquant dix provinces (incluant le Québec) et deux territoires. Généralement, les échanges ont permis de régler la plupart d’entre eux; les discussions ont été parfois rudes, mais toujours dans le respect des positions respectives. Le gouvernement du Canada recherche le consensus et espère que l’application de ses choix politiques servira l’intérêt de la population canadienne en général.

MÉCANISMES DE CONTESTATION

Il peut arriver qu’une ou plusieurs provinces ne soient pas d’accord avec ces décisions. Il existe différents mécanismes de contestation. Le Québec les a utilisés à maintes reprises et a souvent obtenu gain de cause. Mais pour cela, il faut accepter les règles de la fédération. Cela ne plaît pas à M. Lisée, parce qu’il est plus facile de s’y soustraire sous prétexte qu’elles viennent d’ailleurs; une forme plus raffinée de la fuite en avant.

Le péage sur le pont Champlain, la réforme de l’assurance-emploi, l’aide internationale sont des choix parmi d’autres sur lesquels le gouvernement Harper devra rendre des comptes. C’est ainsi que notre système démocratique fonctionne. Depuis 150 ans, c’est de cette façon que des Québécois ont livré à Ottawa des batailles qui ont profondément marqué le Canada. Manifestement, les Québécois veulent le même cadre politique pour de nombreuses années à venir.

MATURITÉ D’UN PEUPLE

La relation que les Québécois ont avec le gouvernement du Canada est faite de respect et de fierté. Leur attachement au Québec est cependant plus profond, plus ancré dans une histoire qui a commencé bien avant que le Canada n’existe. Nul ne sait où l’évolution du Québec nous mènera. Si, un jour, la volonté de construire un pays indépendant prévalait, elle se ferait non pas sur des récriminations contre des «décisions venues d’ailleurs», mais sur la maturité d’un peuple capable de s’assumer.







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