Une douleur utile

J’éprouve encore la déception de ne pas m’être qualifié pour les Jeux olympiques, mais je dois maintenant me servir de cette douleur pour les championnats mondiaux de sprint à Nagano, en fin de semaine prochaine.

J’ai quitté Québec vendredi pour le Japon dans l’espoir, d’une certaine façon, de me racheter. Se cacher la tête dans le sable n’est pas la meilleure option. Je vais longtemps traîner ce pincement au cœur de rater les Jeux, mais je me connais: c’est souvent dans une douleur comme celle-là que je deviens meilleur. J’ai toujours su puiser de l’énergie dans une grosse déception.

Calibre relevé

Je n’ai pas pu vérifier la liste de tous les patineurs qui participeront à ces mondiaux qui consisteront en deux journées identiques d’épreuves de 500 m et 1000 m, samedi et dimanche.

C’est certain qu’il y aura moins d’Européens tentés de s’y présenter, parce que ce sera trop près des Jeux. Par contre, il y aura assurément les meilleurs Coréens et Japonais, qui sont déjà sur le continent asiatique et qui n’ont pas à craindre les effets du décalage horaire. Ce sera pour eux la dernière occasion de s’évaluer avant les Jeux.

Par contre, j’ai lu sur internet avant de partir que le Néerlandais Michel Mulder allait y défendre son titre de champion du monde, même si le Japon est loin sur la planète et l’événement, près des Jeux. Son jumeau, Ronald, y sera aussi, ce qui signifie qu’on est assurés d’un calibre relevé. Si 90 % des meilleurs patineurs au monde y sont, il n’y aura pas de meilleure mise à niveau pour eux avant les Jeux.

Faire mieux

Un podium à ces mondiaux demeure un objectif pour moi et je pense pouvoir améliorer ma 13e place de l’an dernier à Salt Lake City. Au moins, je me réjouis de cette dernière chance qui me permettra de me mesurer à plusieurs patineurs de haut niveau. Ma déception est énorme, mais je me répète que je suis encore jeune.

Je verrai ensuite ce qui adviendra du reste de ma saison. Je suis qualifié pour les deux Coupes du monde prévues après les Jeux, mais tout dépendra comment je me sentirai après les mondiaux de sprint. Il s’écoulera un mois et demi entre Nagano et la Coupe du monde d’Inzell, le 7 mars. J’ai le temps d’y repenser.

Entre-temps, j’ai la chance de me prouver que j’ai encore les jambes. Trois semaines après avoir échoué aux sélections olympiques, ces mondiaux me donnent l’occasion de tout de suite me remettre dans la compétition. Bon, ce ne sont pas les Jeux olympiques, mais il y aura quand même plusieurs des meilleurs patineurs au monde.

La journée des sélections des 500 m à Calgary, je n’avais pas été bon, mais ça ne m’empêche pas de croire que je peux rivaliser avec l’élite internationale...

— Propos recueillis par Alain Bergeron