Il chasse malgré la cécité
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Nicolas Talbot, originaire de Saint-Flavien, a réalisé ce que peu avaient fait avant lui, soit de tuer un chevreuil alors qu’il est non-voyant.
Le jeune homme, qui était chasseur avant de perdre complètement la vue, rêvait de retourner dans le bois et de tuer du gibier. Presque par hasard, il a connu Mathieu Pouliot, un des gestionnaires de Chassomaniak, qui a trouvé un commanditaire qui a fourni une arbalète à Nicolas.
C’est à partir de ce moment que l’aventure a commencé. Accompagné de Mathieu Pouliot comme guide, Nicolas Talbot a tué un jeune chevreuil à sa première expérience de chasse comme non-voyant. À l’aide d’un trépied et d’un pointeur laser, Nicolas n’a eu qu’à suivre les indications de M. Pouliot qui l’orientait pour être certain d’atteindre mortellement la bête.
«C’est sûr que c’est différent, mais quand je vais à la chasse, c’est pour tuer l’animal, pas pour le blesser. Il y avait de l’adrénaline. Mais le trophée, en fait, c’est celui dans le cœur, pas la grosseur du gibier. On ne sait pas où on va aller avec cette aventure-là, on est en business», a commenté Nicolas, très fier d’avoir accompli cela et reconnaissant du travail réalisé par Mathieu Pouliot à son égard.
Un film sur son exploit
L’exploit, c’est le terme qu’utilise Mathieu Pouliot en parlant de Nicolas, sera rendue publique à Sainte-Croix le 30 janvier prochain, à la salle Robert Daigle, dans le cadre de la tournée Nouvelle génération de Chassomaniak. Nicolas convie lui-même ses connaissances dans la région à venir découvrir avec lui ce qu’il a accompli.
Des dires de M. Talbot, l’émotion promet d’être forte lors de cette soirée. «Le monde qui l’ont vu, ça leur pogne, ça fouette», promet le natif de Saint-Flavien.
Un exemple impressionnant
Pour Mathieu Pouliot, Nicolas Talbot est un exemple de persévérance. Il ne connait personne qui a eu la chance et la détermination d’aller à la chasse et de tuer sans rien voir.
«C’est le genre de gars qui ne s’apitoie pas sur son sort. C’était probablement plus dur pour moi parce que je voulais presque trop prendre soin de lui. J’étais tout le temps en train de le surveiller, mais Nicolas n’avait vraiment pas besoin de tout ça», a fait remarquer M. Pouliot.
Son nouveau compagnon de chasse est conscient lui aussi que ce qu’il accomplit peut avoir de l’impact sur d’autres personnes souffrant d’un handicap. «Je veux démontrer que même si on a un handicap, c’est possible de faire de quoi de “flyé”», a lancé Nicolas Talbot, ajoutant qu’il bûche lui-même son bois et qu’il est récemment allé faire de la plongée.
Ce n’est que le début
La chasse au chevreuil n’est que le début de ce que Nicolas Talbot veut maintenant accomplir comme chasseur. Le jeune homme, complètement aveugle depuis quelques années, devrait aussi se lancer à la poursuite de l’ours et du dindon sauvage, entre autres.
Il aimerait bien aussi troquer son arbalète pour une arme à feu, mais cela est beaucoup plus complexe pour des raisons de sécurité. Nicolas Talbot plaide qu’il n’y a pas de différence, à son sens, entre son arme actuelle et une autre, mais ceux qui délivrent les permis ne l’entendent pas ainsi. «C’est comme l’arbalète, je ne vais pas aller tirer tout seul dans le bois», soutient-il.
Il confirme que toutes les démarches pour obtenir un permis spécial sont lancées. M. Talbot espère qu’il pourra chasser à l’arme à feu dès la prochaine saison.