La réconciliation
Après la déception vécue, il est normal de vouloir décrocher temporairement.
Ma neuvième place au championnat mondial sprint au Japon, la semaine dernière, m’a réconcilié avec mon sport.
Oui, ma déception est aussi forte de ne pas m’être qualifié dans l’équipe olympique de patinage de vitesse, mais si elle est aussi présente, ça montre que j’aime ce sport et que ça me tient à cœur. Si je m’en foutais, ce serait facile de passer à autre chose, mais ce n’est pas le cas.
Ce résultat au Japon m’a cependant redonné le sourire et un meilleur moral. Ce top 10 aux mondiaux sprint est mon meilleur résultat jusqu’à présent. Il y a quand même beaucoup de patineurs sur la planète qui n’auront même jamais la chance de participer à cet événement.
Saison terminée?
Maintenant, je ne peux pas le confirmer à 100 %, mais il est possible que j’aie fait ma dernière course de la saison. Il restera des Coupes du monde et d’autres épreuves après les Jeux olympiques, mais si je me fie à mon moral actuel, il vaudrait mieux prendre du repos.
Je dois régler deux ou trois affaires. J’ai traîné un mal au genou droit durant toute l’année et il serait plus sage de m’assurer de commencer la prochaine saison complètement rétabli. Traîner une blessure durant deux ans peut s’avérer pénible.
Et puis, après la déception vécue, il est normal de vouloir décrocher temporairement. Je n’ai pas patiné durant la semaine suivant mon retour du Japon. C’est une réaction normale liée à une certaine démotivation. Présentement, elle est dure à vivre, mais elle me servira pour mieux rebondir en 2014-2015.
Tant que le goût ne reviendra pas à 100 %, j’ai convenu avec mon entraîneur de ne pas recommencer à patiner. S’écœurer à faire quelque chose n’aide pas la cause.
Si ça ne me tentait pas en pleine période d’entraînement en juillet, il faudrait se poser des questions, mais à cette période-ci, c’est peut-être normal de vouloir rayer le dernier mois d’une saison après avoir raté l’objectif le plus important.
Les Jeux, pour trois raisons
Trois raisons m’encourageront à regarder toutes les épreuves de longue piste durant les Jeux.
La première: mon ami Muncef Ouardi. Je ne raterai pas ses courses aux 500 m et aux 1000 m. Depuis plusieurs années, l’entraînement est pour nous un travail d’équipe et si on s’est améliorés, c’est en raison de l’entraide entre nous.
Ensuite, si on oublie la déception que j’ai vécue aux sélections canadiennes, le patin demeure quand même ma passion. Voir les meilleurs au monde se disputer les médailles olympiques est excitant.
Finalement, je me suis souvent fait demander si regarder les courses allait me faire trop mal. C’est sûr que la douleur sera vive, mais garder cette douleur fraîche en moi me sera profitable pour le reste de ma carrière. Je ne voudrai jamais oublier cette sensation et je ferai toujours en sorte de me venger sur moi-même.
Vraiment, ce sentiment d’avoir échoué n’est pas agréable...
- Propos recueillis par Alain Bergeron