« C’est rarement l’avion le problème »
Selon un instructeur, la majorité des accidents sont causés par une erreur humaine
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La jeune pilote de 17 ans qui a survécu à un accident d’avion samedi à Longueuil aurait commis une erreur en vol, selon des pilotes aguerris rencontrés hier à l’aéroport de Saint-Hubert.
«La plupart des erreurs que l’on commet en vol sont des erreurs humaines. Ce sont de mauvaises décisions, de mauvais réflexes. C’est très rarement l’avion, le problème», explique un pilote ayant plus de 20 ans d’expérience et instructeur à l’aéroport de Saint-Hubert qui n’a pas voulu dévoiler son nom.
L’enquête du Bureau de la sécurité des transports (BST), qui suit son cours, permettra de faire la lumière sur les circonstances de l’accident.
La jeune fille, qui compte à son actif une quarantaine d’heures de théorie et plus de douze heures de vol avec instructeurs, en était à son troisième vol en solo. Elle aurait perdu le contrôle de son appareil pour terminer sa course dans le jardin d’une résidence de la rue Jean-Baptiste-Charron, à Saint-Hubert. Elle effectuait alors des exercices de décollage et d’atterrissage.
Selon des témoins de la scène et pilotes eux-mêmes, les volets de l’appareil étaient baissés, ce qui pourrait avoir été un facteur déterminant dans l’accident.
Les volets sont les parties mobiles des ailes. Ils ne prennent cette position que lorsque l’on souhaite effectuer un atterrissage. Il se pourrait que la jeune fille ait oublié de les redresser au moment du décollage. Le BST n’a toutefois pas confirmé cette hypothèse.
En formation
La jeune fille ferait partie d’un escadron de cadets de l’armée de l’air.
Thierry Dugrippe, le propriétaire de l’école de pilotage Air Richelieu, explique que ce programme existe depuis une dizaine d’années déjà, et qu’il est destiné aux jeunes passionnés d’aviation qui souhaitent éventuellement en faire une carrière plus tard.
M. Dugrippe a démantelé l’avion accidenté hier. Les restes de l’appareil seront expertisés par le BST. Il se disait soulagé de savoir que sa jeune apprentie allait bien. Cette dernière s’en est sortie avec une lacération importante au front. Elle a quitté l’hôpital hier en matinée.
Trop jeune ?
L’accident a soulevé tout un débat parmi les résidents du quartier quant à l’âge minimal pour obtenir une licence.
Au Canada, il est possible de conduire un avion en compagnie d’un instructeur dès l’âge de 14 ans, et de piloter un avion en solo dès 17 ans.
«C’est hallucinant que l’on puisse mettre un avion entre les mains d’un enfant et passer au-dessus de résidences, estime Jacques Lalancette, le propriétaire de la maison sur laquelle l’avion a atterri hier. J’espère qu’ils vont revoir les lois. Mon fils était à l’intérieur. Si elle était tombée sur le toit, je ne sais pas ce qui serait arrivé.
Ses premières pensées ont toutefois été pour la jeune fille.
«Je suis vraiment content que la pilote soit correcte, dit-il. Mais elle a eu beaucoup de chance. Elle aurait pu frapper quelque chose de plus solide.»