D’une colonie à la naissance d’un pays
Au Québec, la conscription laisse des cicatrices
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Le Canada est entré en guerre le 4 août 1914 aux côtés de la Grande-Bretagne pour en ressortir quatre ans plus tard, plus près de son indépendance extérieure.
Son effort de guerre et ses exploits – qui ont coûté la vie à plus de 60 000 Canadiens – lui ont valu d’être signataire du Traité de Versailles, scellant la paix en 1919.
Il a aussi fait partie des membres fondateurs de la Société des Nations (SDN), créée la même année dans le but de prévenir un autre conflit d’envergure.
«On est sorti de la guerre avec une très grande réputation», résume l’historien de la Défense nationale, Michel Litalien. «Sur le plan politique, le Canada est devenu un joueur important sur la scène mondiale, une puissance moyenne», poursuit-il.
Il faudra tout de même patienter une décennie de plus, avec le Statut de Westminster en 1931, avant que le Canada n’obtienne de la Grande-Bretagne son indépendance en matière de politique étrangère.
Crise de la conscription
La crise de la conscription obligatoire durant la guerre laissera quant à elle des cicatrices profondes au sein de la société québécoise.
Au fur et à mesure que les pertes des soldats canadiens s’accumulent, l’enthousiasme et le volontarisme s’effritent. C’est d’autant plus le cas dans la province, où l’idée d’aller se battre pour l’Empire britannique semble moins attrayante.
En janvier 1916, le premier ministre de l’époque, Robert Borden, se fixe comme ambitieux objectif de recruter 500 000 Canadiens sur une population de 8 millions. Le bruit commence à circuler à l’effet que le service obligatoire devrait être implanté à l’instar d’autres pays.
Une Loi sur le service militaire obligatoire pour les hommes de 20 à 45 ans est adoptée en août 1917 par le Parlement à la suite de chauds débats opposant le gouvernement de Borden au chef de l’opposition et ex-premier ministre libéral Wilfrid Laurier.
Les élections fédérales de décembre 1917 se déroulent d’ailleurs sur le thème de la conscription. Plusieurs libéraux anglophones se rangent dans l’autre camp, permettant aux conservateurs de former un gouvernement d’union.
Droit de vote aux femmes
Pour mettre les chances de son côté, Borden accorde pour la première fois le droit de vote aux femmes, celles qui sont susceptibles de voter pour lui, soit les épouses, les mères et les sœurs de soldats.
La conscription est mal reçue dans la province, où la milice du dominion est dépêchée pour faire respecter la loi. Les débordements mènent aux émeutes de Pâques à Québec en 1918, où des coups de feu de la milice atteignent mortellement quatre civils et en blessent des dizaines d’autres.
Personnages canadiens de la Grande Guerre
►Thomas-Louis Tremblay
Lieutenant-colonel, commandant du 22e bataillon d’infanterie canadien-français, puis brigadier-général commandant la 5e Brigade d’infanterie canadienne.
►Dr Arthur Migneault
L’un des fondateurs du 22e Bataillon canadien-français et commandant des hôpitaux canadiens-français dans la grande région parisienne. Il a investi 50 000 $ (l’équivalent de 3 M$ d’aujourd’hui) pour la création du bataillon.
►Jean Brillant
Lieutenant du 22e Bataillon, récipiendaire de la Croix de Victoria (à titre posthume) pour sa bravoure.
►Joseph Kaeble
Caporal du 22e Bataillon et récipiendaire de la Croix de Victoria à titre posthume pour sa bravoure.
►Georges Vanier
Major et futur commandant du Royal 22e Régiment, diplomate et ex-gouverneur général du Canada.
►Arthur Currie
Lieutenant-général qui finira comme commandant du Corps expéditionnaire canadien.