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Le malaise Spotify



Le malaise Spotify 01-01 - Oras Al-Kubaisi via CrowdMedia

Photo : Oras Al-Kubaisi via CrowdMedia

Il y a quelques jours, Spotify, le service d’écoute de musique en continu le plus populaire dans le monde, a annoncé son arrivée au Canada. L'application est très attrayante pour le consommateur puisqu'elle permet une utilisation gratuite sous conditions (il existe aussi des modèles payants à 4,99 $ et 9,99 $ qui permettent l'écoute illimitée). D'ailleurs, selon la compagnie, plus de 40 millions d'usagers dans 57 pays ont écouté une chanson le mois dernier et plus de 10 millions payent quelque chose pour y accéder. Spotify mentionne que plus de 1 milliard de dollars ont été versés aux détenteurs de droits musicaux depuis sa fondation en 2006, mais nombreux sont les artistes qui se plaignent des faibles redevances individuelles issues de ce service. Parmi les plus connus,  Thom Yorke, David Byrne, et The Black Keys ont fait connaitre leur mécontentement au cours des dernières années. D'ailleurs, le chanteur Beck déclarait récemment « ce que Spotify me verse ne suffit même pas à payer les musiciens qui jouent avec moi ou les gens qui travaillent sur ​​les disques. Le modèle ne fonctionne pas. »

Au Canada, la Commission du droit d'auteur a récemment clarifié les taux de droits d'auteur qui doivent être reversés aux ayant droits dans le cadre de la diffusion de musique en continu sur Internet. À chaque fois qu'une pièce joue 1000 fois, Spotify doit payer 10,2 cents. C'est très loin des demandes de l'industrie de la musique qui souhaitait obtenir entre 1 $ et 2,30 $  pour les mêmes conditions.

Dans un monde idéal, les consommateurs découvriraient de nouveaux albums sur Spotify et par la suite achèteraient les disques et iraient voir les spectacles. Mais la vérité est tout autre. Pour la première fois de l'histoire, les ventes de musique en format numérique ont décliné en 2013. Plusieurs spécialistes de l'industrie affirment maintenant que les sites de musique en continu cannibalisent les ventes de musique numérique. Et la menace pour les artistes ira en grandissant, car YouTube va bientôt lancer « Music Key », un clone de Spotify.

Grand amateur de musique, j'ai pris la décision il y a 6 mois de cesser d'utiliser ces services parce que je les trouve injustes pour les créateurs. J'achète maintenant mes disques en format vinyle pour pouvoir verser une meilleure somme aux artistes que j'aime. Et j'essaie d'aller voir leurs spectacles le plus possible.

Spotify est disponible sur invitation seulement pour l'instant et j'ai vu au cours des derniers jours des dizaines de mes ami(e)s, dont plusieurs mélomanes, s'échanger des invitations pour accéder au service. Cet enthousiaste a créé chez moi un grand malaise et c'est pourquoi j'ai voulu écrire ce billet.

Et vous, qu'en pensez-vous?

 

 

 

5 commentaire(s)

Sebastien dit :
19 août 2014 à 10 h 55 min

Salut Seb,

bravo pour ta décision de ne pas utiliser ce genre de site; c'est bien l'fun, mais c'est vrai que ça tue les revenus des créateurs. Une chose me titille dans ton texte, par contre: où as-tu pris les données qui te permettent de dire que les artistes touchent plus de redevances lorsque tu achètes un vinyl? Je ne dis pas que tu as tort, mais j'aimerais prendre connaissance de ces données, ne serait-ce que pour émuler ta décision...

Denis825 dit :
19 août 2014 à 11 h 36 min

J'ai répondu à l'invitation et j'ai installé le logiciel voici une semaine et je trouve ça assez merveilleux comme façon d'écouter de la musique.

Je ne ressens aucun remords du genre que celui que vous décrivez pour écouter cette musique pour l'instant puisque on m'a invité à le faire pour tester le produit. Je ne sais pas si au bout de la période d'essai, je vais payer un montant chaque mois pour avoir le produit, j'en suis à la phase d'émerveillement pour l'instant.

Dans la liste de ceux pour qui on nous demande de s'émouvoir, je crains que les vedettes de la chanson soient assez loin. Et aussi il y a une limite au nombre de fois ou je peux s'intéresser aux chansons de notre répertoire et à ma patience pour en écouter de nouvelles. Cette nouvelle façon d'écouter de la musique c'est très bien on peut écouter ce qu'on veut mais j'ai l'impression que mon besoin d'écouter de la musique est sporadique quant à moi et que je ne suis pas un véritable mélomane.

Sébastien Provencher dit :
19 août 2014 à 14 h 47 min

@Sebastien Si je me fie à mes lectures, les droits d'auteurs d'un musicien sont calculés sur un pourcentage du prix de vente, environ 12% à 15%. Donc, mon calcul suppose un prix de vente plus élevé pour un album format vinyle (vs un CD ou un téléchargement légal) et donc des droits d'auteurs plus élevés.

Voir: https://www.mosesavalon.com/hints/ https://entertainment.howstuffworks.com/music-royalties6.htm

Yoann dit :
20 août 2014 à 5 h 25 min

Bonjour. Votre article pose des bases de réflexions intéressante mais ne pas utiliser Spotify ou autre n'est pas une solution en soit. Pour ma part, écouté ma musique en stream sur spotify depuis plusieurs année ne m'empêche pas d'acheter des vinyles et d'aller voir des concerts. Spotify m'a d'ailleurs permis de découvrir de nombreux artistes qui ont trouvés une place de choix dans ma vynilothèque ou dans ma liste de concert.

Benton Fraser dit :
22 août 2014 à 10 h 09 min

En ce qui me concerne j aime bien que la musique m appartienne , meme chose pour les films et séries televises . Cela demeure un fait que d acheter de la musique légale sur iTunes demeure beaucoups trop cher , si ils baisseraient les prix , il y aurait moins de piratage .

J aime bien utiliser emusic , un service en ligne légal qui offre ses downloads a 49 cents la piece , ils ne vendent que de la musique non vendeur , soit des artistes en devenir ou ceux en perte de vitesse , la place « bargain bin »de l internet , un mélomane peut y trouver des choses tres intéressantes pour une fraction du prix .

Je suis un amateur de rock progressif et je découvre de la nouvelle musique en fréquentant des sites comme progarchives et en écoutant des emissions radio internet comme la Filiere Progressive et Terra Incognita .

Parlant de prix , il y a aussi que lorsque j achete des CD s physiques , je les achete principalement de boutiques affiliées avec Amazon et je les fais venir d Europe ou ils ont baissé le prix des disques pour aider a contrer le piratage , je sauve environ un tiers du prix meme en incluant les frais de poste .







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