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Les salariés perdent du pouvoir de négociation

A McDonalds sign is seen at one of their fast food restaurants in Toronto,
Photo Reuters «Des patrons de Walmart, McDo s’opposent farouchement à la syndicalisation».

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La diminution du rapport de force des salariés face à leurs employeurs est à l’origine de la hausse des inégalités au Québec, indique une étude de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) publiée mardi.

Les chercheurs sont d’avis que les syndicats et l'État devraient s’adapter davantage à la réalité nouvelle du marché du travail. «On l’a démontré plus d’une fois et notre recherche le valide: bien que le Québec soit en période de croissance, cet enrichissement ne profite absolument pas à tout le monde de la même façon», a fait savoir Paul-André Lapointe, chercheur-associé à l’IRIS.

Concrètement, cela signifie un envol des salaires des mieux nantis, comme les médecins, les cadres supérieurs et les acteurs du monde financier qui ont un pouvoir de négociation énorme.

Il en résulte une stagnation, voire même un recul des salaires chez les moins fortunés, selon l’IRIS.

Également professeur en Relations industrielles à l’Université Laval, le chercheur Paul-André Lapointe rappelle que ce constat a été largement documenté par d’autres organisations, comme l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui dans une récente étude indiquait que le 1 % des travailleurs nantis s’accaparaient 41 % des revenus du travail dans les 34 pays membres.

L’étude souligne aussi que le pouvoir de négociation du 99 % des salariés suit la tendance inverse à la part des revenus du travail capté par le 1 %.

L’IRIS donne en exemple le cas des salariés du secteur public qui se sont appauvris au cours des 30 dernières années, avec un salaire de 2010 inférieur de 11,6 % à celui de 1978, si on tient compte du coût de la vie. De plus, le secteur public enregistre un écart de rémunération de 13,2 % en comparaison au secteur privé.

«Des patrons de Walmart, McDo s’opposent farouchement à la syndicalisation, cela provoque un effet domino», a mentionné Paul-André Lapointe.

Les avantages de la syndicalisation

Le chercheur estime que la syndicalisation aide à réduire les inégalités sociales. Il fait toutefois le constat que depuis le milieu des années 1980, le développement d’emplois atypiques, la sous-traitance, les lock-out, en plus du contexte politique, empêchent les employés du secteur public de se bâtir un rapport de force, sans se faire imposer une loi spéciale.

«Deux travailleurs sur cinq vivent maintenant dans un emploi atypique, qui ne cadre pas avec les principes de la syndicalisation, a poursuivi le professeur. Sans doute les syndicats ont des efforts d’adaptation à faire. Il faut aussi revoir le Code du travail pour le modifier et l’État doit jouer un grand rôle en ce sens.»

Rappelons que le taux de syndicalisation a diminué de façon graduelle au fil des ans au Canada, passant de 33,7 % en 1997 à 31,5 % en 2012, selon Emploi et Développement social Canada. Il oscille autour de 40 % au Québec.

Une étude incomplète

Norma Kozhaya, l’économiste en chef du Conseil du patronat du Québec, se dit surprise par une telle étude, qu’elle juge incomplète, quoiqu’elle reconnaisse que la syndicalisation ait reculé dans le secteur manufacturier au cours des dernières années.

«Les travailleurs n’ont peut-être pas fait de gains au niveau salarial, mais ils sont nombreux à vouloir plus de conditions favorables à la conciliation travail/famille ou à leur régime de retraite, a-t-elle souligné. Il y a aussi de nombreux programmes de soutien aux ménages qui sont en place, de même que des services gratuits, ce dont ne jouissent pas les autres salariés en Amérique du Nord.»

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