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Les missions militaires et l’appui du parlement !



L’actualité des derniers jours nous a appris que le premier ministre Harper avait exprimé son intention d’accroître l’implication du Canada dans la lutte qui s’intensifie contre les extrémistes radicaux de l’État islamique.

Les récents gestes violents, posés à l’encontre d’innocents otages, ont certes contribué à réduire en grande partie la résistance populaire inhérente à toute participation à des opérations militaires de ce genre, et c’est aussi probablement la raison qui a poussé le premier ministre Harper à faire savoir à la communauté internationale, presque sans retenue, son désir d’accroître significativement la participation des Forces canadiennes, jusque-là confinées à un simple rôle de support-conseil.

Les réactions de l’opposition et de plusieurs analystes n’ont pas tardé; les principales questions portent sur l’obligation du premier ministre de consulter le parlement avant d’annoncer la position canadienne et sur le pouvoir réel du parlement en situation de participation à un conflit... Mais qu’en est-il exactement?

Consultation souhaitable

Disons tout d’abord que le gouvernement peut prendre ce genre de décision sans l’accord de la Chambre; cependant, la consultation du Parlement, même si elle n’est pas obligatoire, est grandement souhaitable. Les conséquences inévitablement tragiques d’une participation de nos soldats à un conflit armé font en sorte qu’il est préférable que la décision initiale soit l’objet d’un consensus politique le plus large possible.

Au plan international, une décision unanime du parlement rassure nos alliés et garantit que la participation du Canada ne sera pas minée à l’interne, affaiblissant ainsi la position gouvernementale en la rendant plus vulnérable politiquement, à terme.

Une décision gouvernementale appuyée par tous les partis et députés de la Chambre, assure un climat de collaboration et un appui populaire solide, deux éléments sur lesquels le gouvernement pourra compter lorsque la situation deviendra plus difficile, avec les probables pertes humaines qu’entraîne tout conflit militaire.

Les coûts sociaux et financiers liés à une participation à un conflit militaire seront également plus facilement justifiables dans un contexte d’unanimité parlementaire, puisqu’inévitablement, avec le vote du parlement, vient aussi l’acceptation des conséquences.

L’exemple de Jean Chrétien

Voilà donc pourquoi, même si un appui du parlement n’est pas légalement nécessaire, il est certes politiquement essentiel. Le premier ministre s’est certainement fait rappeler à l’ordre par ses conseillers et on lui a sûrement demandé de faire preuve d’un peu de retenue dans ses déclarations. On lui a probablement rappelé que certains de ses prédécesseurs, placés dans le même contexte, ont agi avec plus de respect envers l’opposition et le parlement comme institution, notamment en consultant les chefs des autres partis.

À une certaine époque où j’étais chef de l’Opposition officielle au parlement canadien, un dénommé Jean Chrétien, premier ministre du Canada, avait eu cette délicatesse et cette habileté politique à mon endroit, concernant une implication canadienne accrue en Iraq... Il me semble que, maintenant, il appartient à M. Harper de faire preuve de cette même délicatesse et de cette même habileté politique envers l’actuel parlement!

 







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