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Pris par surprise



Les policiers sont constamment montrés du doigt pour leur réaction dans des situations critiques. L’itinérant tué par balle en février, à Montréal, en est un bel exemple récent.

Nos journalistes Stéphan Dussault et Marc Pigeon se sont placés dans la peau de policiers le temps d'une journée passée à l'école de l'emploi de la force de la Sûreté du Québec, qui ouvrait ses portes à un média pour la première fois. Découvrez le récit à cœur ouvert des sept scénarios à haute teneur en adrénaline qu'ils ont vécus, aux côtés de policiers-comédiens et cascadeurs.


Appel no2 | Le propriétaire d’un immeuble contacte la police pour signaler un rôdeur. C’est la quinzième fois qu’il appelle la police pour diverses raisons.


Le récit de stéphan

Rien de pire qu’un policier qui se met sur le pilote automatique en répon­dant à un appel anodin. Parce que la tempête peut arriver vite.

Demandez à un policier le nombre de fois où il a été appelé par un citoyen qui disait avoir vu des rôdeurs autour de sa maison. C’est d’un banal...

Or, j’ai à peine le temps de fermer la porte de l’auto-patrouille que le citoyen sort de sa maison comme un enragé, un couteau à la main, et se rue vers moi.

Un scénario tiré par les cheveux? J’apprendrai par la suite qu’il est intégralement tiré d’un cas vécu par un policier de Laval en 2010.

Trois secondes pour sauver ma vie

J’ai trois secondes pour changer de mode dans mon cerveau. Je dégaine, du moins je tente de dégainer. Mais comme la chose arrive aussi sans doute à de vrais policiers dans ces instants de grand stress, l’arme ne sort plus aussi facilement de son étui que lors des pratiques. Résultat: l’homme a le temps de m’asséner un coup de couteau avant que je puisse enfin tirer.

«Le plus bizarre, c’est que même si tu manquais de temps, tu continuais de marcher rapidement vers le citoyen. Tu es vraiment un fonceur, toi!» me lance la policière Martine Asselin.

Au contraire de moi, le vrai policier avait à l’époque reculé de quelques pas, puis s’était résigné à tirer pour sauver sa vie. Le citoyen était tombé à ses pieds. Autant dire qu’il était moins une pour lui aussi.

Stéphan Dussault, Le Journal de Montréal 


Le récit de Marc

En descendant de l’auto-patrouille, un homme sort de l’immeuble. En un instant, je vois qu’il tient quelque chose à la main. Je réalise assez vite qu’il s’agit d’un couteau.

Le temps d’analyser la situation, le suspect se met à courir vers moi en criant. La décision est vite prise: dégainer et tirer. Ma vie en dépend. C’est lui ou moi.

Mais avant même que j’aie eu le temps de porter ma main à mon arme, le suspect avait franchi les 50 pieds qui nous séparaient et m’avait poignardé.

Ça va vite...

Jamais je n’aurais cru qu’il fallait si peu de temps pour franchir cette distance. Quand je l’ai vu venir, une espèce de panique s’est emparée de moi.

«Ta prise de décision a été lente», m’a dit l’instructeur Martin Lechasseur. Pourtant, j’avais l’impression d’avoir agi avec célérité.

Nous avons ensuite répété le même exercice, en sachant exactement ce qui allait se produire. Cette fois, j’ai tiré sur l’assaillant, mais il était rendu à deux pieds de moi quand je l’ai atteint.

Stephan, lui, lors du second exercice, a fait pire que la première fois, s’estimant sans doute inconsciemment plus sûr de lui.

Marc Pigeon, Le Journal de Montréal 







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