Vivre de la photographie: qu’est-ce que les « pros » auraient voulu apprendre?
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Qu’est-ce qui n’est pas (ou pas assez) enseigné dans les écoles de photographie, mais qui est pourtant essentiel pour avoir du succès en tant que photographe professionnel?
C’est la question que j’ai posée aux membres du chapitre québécois de l’association de photographes PPOC.
Je m’attendais à une myriade de réponses très différente, mais à bien y penser c’est sans grande surprise que tous, ou presque, se sont attardés au côté « business » de la photo. Tous regrettent que peu de temps soit consacré à « être en affaires ». Faire de belles photos, c’est bien. Vivre de la photo, c’est mieux!
Pour vous mettre la table sur la situation, Sébastien Arbour me précise que « chiffres à l’appui, l’auteur André Amyot a suivi à la trace tout un lot de finissants sur une période de 60 mois. Son constat est sans équivoque: 95% ont échoué à réussir leur carrière et ont abandonné. (...) 95%, c’est la quasi-totalité qui subissent un échec. Une catastrophe entrepreneuriale. »
Sébastien Arbour

Des centaines de finissants talentueux sont lancés année après année sans aucune formation en affaires sur un dur marché de travail autonome. La plupart avancent dans le noir, à coup d’essais/erreurs.
La première conséquence est simple: « Combien devrais-je charger pour...? ». Comme n’importe qui raconte n’importe quoi, les professionnels se retrouvent quotidiennement devant ces nouveaux compétiteurs éphémères qui, pour la plupart, auront disparu par ignorance de règles de base en affaires.
Si vous êtes un photographe qui gère sa carrière, peut-être même un studio, soyez d’abord un entrepreneur qui connaît bien ses coûts de reviens, qui établit ses prix avec des feuilles de calcul précises. Ces feuilles de calcul préparées par des experts fiscalistes prennent en considération des montants auxquels tellement de photographes ne pensent pas: épargne-retraite, remplacement de matériel, tous les frais de fonctionnement, etc.
On voit quotidiennement des photographes abandonner leurs droits d’auteurs et travailler pour moins que rien en échange d’une signature dans une publication, d’une « visibilité » qui n’aura finalement aucun impact sur leur carrière.
Apprenez à vous vendre ou embauchez un pro de la vente. Vos magnifiques chefs-d’œuvre seront en fait en compétition féroce avec d’autres créateurs tout aussi doués... mais qui offrent leurs services à une fraction du coût... parce qu’ils ne savent pas calculer, que leurs revenus personnels ne dépendent pas vraiment de cette carrière en photo à temps partiel (et au noir!) ou de leur statut de jeune retraité.
André Amyot
Il ne faut pas que la réussite soit trop évidente pour plusieurs. Et c’est dommage. Si on avait plus d’entrepreneurs et s’ils étaient encouragés, le portrait économique du Québec serait certainement meilleur.
Aujourd’hui, se lancer en photographie professionnelle représente un défi non seulement technique, mais aussi d’affaires. La réalité du marché actuel fait en sorte que plusieurs photographes professionnels en arrachent parce qu’ils ne se sont pas adaptés aux nouvelles demandes d’un marché en constante évolution. Qu’ils ou elles éprouvent des difficultés à vendre la valeur de leurs services. Je dois avouer que ce n’est pas facile de le faire lorsque par le passé, il suffisait de créer de bonnes images et d’avoir le bon réseau.
Autre point, les étudiants en photographie croient que le sujet des affaires n’a guère d’importance puisque leur seul intérêt se place sur la technique photo en croyant que seule la qualité de leurs images sera le gage de leur réussite. Il semble que cette perception soit coriace auprès de nos collègues alors comment enseigner l’importance des affaires à des personnes qui sont peu réceptives?
Mon expérience de propriétaire d’un studio majeur dans la région de Montréal pendant 25 ans et la quantité importante de formations données aux photographes professionnels du Québec, Canada, USA et Europe depuis 2001, me permettent d’affirmer que seule l’expérience du terrain permet aux nouveaux arrivants de réaliser comment la formation en affaires aurait été bénéfique lors de leur apprentissage.
Claude Brazeau
Christina Rochette
Sébastien Lavallée
Marrie-Eve Larente
J’aimerais aussi apporter que la formation est de base, donc la créativité n’est pas vraiment pousser. C’est donc à l’élève d’entretenir sa créativité. Dans un monde idéal, je crois qu’il devrait y avoir plus de cours dans le volet artistique et créativité pour laisser place à l’imagination du photographe. Pour créer une image à couper le souffle, il faut penser à sa photographie, penser au message, à l’émotion et bien sure, l’originalité. Si le cerveau n’est pas entraîné à être créatif, il devient paresseux. Des cours pour stimuler la créativité devraient y avoir place, les résultats seraient impressionnants, j’en suis certaine!
J'adore l'idée de Sébastien Arbour, oui ces facile de dire a quelqu'un de foncer, mais le faire c'est pas si évident!