Des airs de famille au CSSS
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Frère, sœur, neveu, nièce, sœur de la belle-sœur... la directrice générale du CSSS du Rocher-Percé, Chantal Duguay, emploie une douzaine de membres de sa famille, en plus d’amis fidèles qui lui assurent la mainmise sur le centre de santé, dénoncent diverses sources.
«Ce n’est plus rendu un établissement public, mais une entreprise familiale!» lance une personne qui demande à conserver l’anonymat par crainte de représailles. Le Journal a recueilli les témoignages de différentes personnes bien au fait de la situation à ce CSSS et qui ont elles aussi requis l’anonymat pour les mêmes motifs. Elles font état de plusieurs cas de favoritisme et d’un véritable climat de peur au sein de l’organisation.
«La directrice générale prend toutes les décisions et impose sa vision aux cadres supérieurs et intermédiaires, qui n’ont pas leur mot à dire. Un de ses neveux, qui avait un statut précaire d’enseignant, a été engagé au CLSC pour s’occuper du centre de jour. Sa nièce a été embauchée l’été dernier pour un stage, tout comme le fils du directeur des ressources humaines, Gervais Marcoux», soulève un travailleur.
La présidente du Syndicat des infirmiers et infirmières de l’est du Québec, Micheline Barriault, confirme qu’il y a un gros problème de «copinage» à la direction du CSSS. «Lors de la vaccination contre le H1N1, il y a eu des passe-droits pour les proches et amis de membres de la direction», illustre-t-elle.
«Règne de terreur»
«Lorsqu’un problème survient, des employés se font dire par leur supérieur: je t’interdis d’aller voir le syndicat avec cela. Le personnel subit beaucoup d’intimidation», déplore Mme Barriault, qui n’hésite pas à parler de «règne de terreur».
«C’est l’omertà», dit un employé. «Lorsque la Gaspésia a fermé ses portes, l’un des frères de Chantal Duguay a eu un job deux jours plus tard au CSSS, à l’entretien général. Des cadres retraités reviennent au travail le lendemain, sans affichage de poste. C’est un véritable scandale», avance une autre source.
Sous surveillance
Le président du syndicat CSN des employés du CSSS, Michel Cyr, n’a pas été témoin de cas de favoritisme. «Beaucoup de gens nous parlent de cela. On n’est pas là lors des entrevues d’embauche. Les travailleurs sont à bout de souffle et se sentent constamment surveillés. Certains se font dire: si tu n’es pas content, trouve-toi une job ailleurs!» rapporte M. Cyr.
«En aucun cas il n’y a eu du favoritisme» – Chantal Duguay
«Je n’occuperais pas les fonctions que j’ai si les processus d’embauche n’avaient pas été suivis à la lettre. En aucun cas il n’y a eu du favoritisme», assure la directrice générale du CSSS du Rocher-Percé, Chantal Duguay.
De telles accusations ne datent pas d’hier, selon elle. «Ce sont des calomnies de gens insatisfaits de mon style de gestion. Je suis très l’aise avec le fait que ma sœur France [alors nouvellement retraitée] ait été réembauchée comme directrice clinique et directrice des programmes-services. Elle occupe un poste très important dans l’organisation. On n’avait pas réussi à recruter des gens pour ce poste», précise Mme Duguay.
Elle ne voit non plus rien d’irrégulier à ce que sa nièce Jade (fille de sa sœur France) ait fait un stage rémunéré de cinq semaines aux ressources humaines. Quant à son frère Pierre-Marie, engagé comme ouvrier le 1er novembre 1999, deux jours après la fermeture définitive de la Gaspésia, il a obtenu sa permanence en 2004, selon le processus normal, certifie la directrice générale.
Petit milieu
«J’ai une famille de 10 frères et sœurs qui sont revenus dans le secteur. Je ne fais pas partie des comités de sélection», martèle Mme Duguay.
Selon le directeur des ressources humaines, Gervais Marcoux, c’est un peu incontournable dans un petit milieu comme celui du Rocher-Percé que l’on embauche des membres d’une même famille qui ont les qualifications nécessaires.
Gestion «exemplaire»
La PDG de l’Agence de santé de la Gaspésie−Îles-de-la Madeleine, la Dre Yolaine Galarneau, réfute pour sa part qu’il y ait des malversations dans l’octroi de postes au CSSS du Roché-Percé. Au contraire, elle voit en Chantal Duguay une gestionnaire «exemplaire».
