Les promesses en l’air de M. Couillard
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À quoi servent les promesses électorales si, de toute façon, on ne les respecte pas? Je peux comprendre qu’on y déroge un peu parfois, mais de là à faire complètement le contraire, bien des parents doivent regretter leur vote aujourd’hui.
Il y a moins d’un an, en pleine campagne électorale, le chef du Parti libéral promettait qu’il n’y aurait pas de hausse de tarif au-delà de l’inflation. Lors de son discours inaugural le 21 mai dernier, alors qu’il était très au fait du déficit appréhendé, il entendait encore poursuivre le développement des services de garde en mettant les familles à l’abri du choc tarifaire. Quelques jours plus tard, il ouvrait la porte à la modulation de tarif, mais avec un plafond beaucoup moins élevé que 20 $. Il déclarait: «Personne ne s’opposerait du fait que quelqu’un qui a mon revenu ou des revenus plus élevés dans la société ait à payer des tarifs comme 10 $ par jour pour un enfant en garderie.»
Un choc tarifaire énorme
Évidemment, dans la population, les sondages étaient favorables. Avec un revenu familial de plus de 150 000 $, 10 $ par jour étaient vus comme raisonnables. Je faisais partie de ces personnes. Mais je ne croyais pas qu’on pousserait le bouchon jusqu’à imposer 20 $ par jour. C’est environ 200 % d’augmentation. Pour un premier ministre qui ne souhaitait pas de choc tarifaire, je ne me souviens pas d’en avoir déjà vu un plus gros.
Comme tout le monde, j’avais entendu la rumeur, mais je n’y croyais pas. Je pensais que le gouvernement Couillard laissait circuler un scénario catastrophe dans les médias pour mieux faire avaler la pilule d’une modulation de tarif qui aurait pu atteindre 12 $ maximum. Il avait quand même fait une promesse.
Je sais que certains parents payaient déjà plus que 20 $ au privé parce qu’il n’y a pas assez de place dans les garderies à 7 $, j’en ai fait partie, mais ce n’était pas la majorité. De façon générale, je suis même plutôt en accord avec le principe d’utilisateur-payeur, mais le manque d’honnêteté me choque. Si c’est ce que souhaitait faire le gouvernement libéral, il aurait dû le dire aux électeurs pendant la campagne électorale. Plusieurs jeunes familles qui viennent de s’acheter une maison avaient fait leur budget avec une place à 7 $ en croyant aux belles promesses du gouvernement libéral. L’augmentation annoncée va faire une différence énorme dans leur budget.
Une cible silencieuse
M. Couillard a bien choisi sa cible. Il sait très bien que les jeunes parents professionnels, qui en arrachent déjà avec la conciliation travail-famille, n’auront probablement pas le temps de descendre dans la rue pour manifester. La pilule va passer de travers, mais ils vont l’avaler quand même. Et comme les Québécois ont la mémoire courte, ce sera probablement déjà oublié aux prochaines élections. On fera peut-être même encore confiance aux fausses promesses électorales. M. Couillard a donné tout un exemple à nos enfants. Dans la vie, vous pouvez mentir, faire des promesses non tenues, ce n’est pas grave, l’important, c’est de gagner.