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Dans l’fond

Dans l’fond
Illustration Johanna Reynaud


Expressions toutes faites, tics de langage, clichés et extraits de proverbes irritent les oreilles délicates. Certains en font une spécialité qui, à la longue, peut déranger. 

Vous devez rendre un travail, mais il y reste des bouts à peaufiner? On vous répond par une phrase de Boileau: «Vingt fois sur le métier...» Vous êtes en retard et vous pédalez? Et voilà que par la bouche de votre interlocuteur, La Fontaine vient vous rappeler que «rien ne sert de courir». Votre maison n’est pas vendue et vous magasinez la prochaine? La peau de l’ours n’est pas loin!
 
Une p’tite phrase toute faite? Certains ont engrangé une bonne dizaine de ces béquilles langagières qui n’expriment ni amitié ni compassion. Parfois malveillants, ces clichés montrent que, croyant paraître spirituels, ils jugent et commentent. À propos d’un couple qui a le dos tourné: «Chaque torchon trouve sa guenille.» Ou encore, d’une personne intéressante: «La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale...» Chassez la tentation de vous inspirer de ce lexique. Exprimez-vous par vous-même.
 
Dans l’fond. Vous développez une idée, mais vous trouvez que «dans l’fond», elle n’est pas si géniale. Il sort d’où, ce fond qui vous permet de dire: «J’suis fatigué, dans l’fond»? Quiconque ignore qu’il s’agit d’un tic de langage, sera surpris par ce fond. Ce sera pire si vous concluez avec un «T’sé veut dire?» qui vous évite précisément d’exprimer votre pensée. On veut savoir si vous avez compris, mais on vous demande «Si vous voyez?» «C’est-y assez clair?» Et vous répondez, comme le veut la tendance du moment sur le Plateau, par l’incontournable «Y a pas de souci!» On dirait même que, finalement, tout ça, c’est «ben correct». Les chroniqueuses «s’énervent le poil des jambes» pour rien. «Genre... T’sé veut dire? On s’en va où, d’même? On l’sait pas, mais attache ta tuque. Ça presse!»
 
Le chœur des jurons. L’assistance à la messe et la récitation du catéchisme sont des pratiques devenues rarissimes. Par conséquent, plusieurs, parmi ceux qui expriment enthousiasme, surprise ou déception en prenant à témoin le mobilier d’église et les accessoires sacrés, ignorent le sens de ces mots. Si leur emploi fait du bien, leur usage est déconseillé si on veut bien paraître. 
 
- Avec la collaboration de Marie-Diane Faucher 






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