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Et si l’État grec déclarait faillite?



L’endettement de la Grèce fait encore la manchette. En portant au pouvoir un parti de gauche radicale, la population vient d’exprimer son ras-le-bol devant les politiques d’austérité qui lui sont imposées par ses créanciers. Et si l’État grec déclarait faillite?

L’élection du nouveau gouvernement grec laisse présager une négociation difficile entre une troïka (UE, BCE et FMI) qui possède 80 % de la dette grecque, et le gouvernement Tsipras, qui croit qu’un accroissement des dépenses publiques est la solution miracle à la crise des finances publiques. Trouvera-t-on un compromis? C’est malheureusement ce que trop d’observateurs espèrent.

Rares sont ceux qui croient vraiment que ces nouvelles tractations permettront un jour à la Grèce de recouvrer sa santé financière

Et les Grecs? Pourquoi devraient-ils choisir entre Charybde et Scylla, entre l’esclavage du service de la dette ou de nouvelles dépenses publiques qui, en gonflant une dette déjà insoutenable, ne fera qu’aggraver la crise? Soyons sérieux, rares sont ceux qui croient vraiment que ces nouvelles tractations permettront un jour à la Grèce de recouvrer sa santé financière.

Aujourd’hui, au grand dam des instances européennes, certains analystes estiment que l’État grec devrait déclarer faillite. Que la présente crise politico-financière est si profonde, que l’État grec n’a d’autre choix que de déposer son ­bilan et d’annoncer à ses créanciers qu’elle ne leur remboursera ni les ­intérêts ni les capitaux empruntés.

Évidemment, il n’existe pas de solutions faciles au surendettement d’un État. Comme l’explique en détail l’économiste Pierre Lemieux dans The Public Debt Problem, déclarer faillite pourrait s’avérer la «moins pire» des solutions.

En n’ayant pas à rembourser des sommes faramineuses à ses créanciers, la Grèce aurait une chance de sortir de son bourbier. De toute façon, il est déjà acquis que ceux qui ont adossé la dette de l’État grec ne s’en sortiront pas indemnes.

Il est vrai qu’un défaut de paiement – envoyer paître les créanciers – ne serait pas sans conséquence. La réputation de la Grèce serait ternie, l’accès aux marchés financiers lui serait désormais refusé, et le pays serait éventuellement menacé de sanctions économiques par ses ex-partenaires.

Mais justement, dans ce «moins pire» des mondes, le gain des citoyens ne se résumerait pas à effacer sa dette, mais aussi au fait qu’une telle décision couperait les vivres au responsable de ce ­désastre économique: l’État grec.

En n’ayant plus accès au marché ­financier, le gouvernement de la Grèce ­serait obligé d’équilibrer son budget, de vivre selon ses moyens. Il ne pourrait plus procéder, avec la complicité d’une Europe idéaliste et complaisante, à une énième restructuration lui permettant de continuer à dépenser et à rançonner une population déjà trop abusée.

Peu importe la solution, il y aura inévitablement des gagnants et des perdants à cette crise. La question, aujourd’hui, est de savoir si les prochaines négociations entre l’Europe et la Grèce permettront encore une fois aux instances ­politico-bureaucratiques impliquées de poursuivre leurs chimères respectives aux dépens du peuple grec.

Entre deux maux, il faut savoir choisir le moindre. Et dans le cas de l’État grec, la faillite... c’est le moindre mal!

 







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