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Régis, enfant-roi

Cela fera bientôt 10 ans que Régis Labeaume est maire de Québec. Il est sain, légitime et rassurant qu’il réfléchisse à son héritage

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C’est avec une perplexité retenue qu’ont été reçues les images du Phare, l’immeuble de 65 étages projeté par Groupe Dallaire.

Une question, récurrente, s’est fait entendre: «Oui, mais pourquoi?»

Le promoteur ne l’a pas caché. «Il y a plus d’un an, le maire de Québec nous lançait un appel en nous invitant à créer un immeuble phare à l’entrée de la ville.»

Sourires entendus; hochements de tête: on avait enfin compris. Régis s’est trouvé une nouvelle lubie.

Sacré Régis!

La même semaine, le maire nous jurait n’avoir jamais promis le retour des Nordiques. Cet élément serait en fait accessoire à l’idée de bâtir un aréna de 400 millions dédié au patinage libre.

Ce n’est pas la première fois que le maire Labeaume ne reconnaît plus sa progéniture lorsqu’il se rend compte qu’elle ne tourne pas comme il le voulait. Ça commence même à devenir répétitif. Avant, c’était Saint-Roch qu’il fallait changer en technopôle. Plus tard, d’Estimauville, qui accueillerait les fonctionnaires fédéraux ainsi qu’un écoquartier. On en ferait un également à la Pointe-aux-Lièvres. Le tout en encourageant avec un enthousiasme débridé la construction de condos dans Lebourgneuf, lesquels sont aujourd’hui en location, faute d’acheteurs.

Bref, une ville de la taille de Québec qui essaie de se développer sur quatre pôles différents, mais qui n’y arrive vraiment bien nulle part.

À cela s’ajoutent tous les projets mort-nés, du plus au moins pertinent, comme le tramway, la grande roue, le carrousel ou le miroir d’eau. J’en oublie.

Comme un enfant dans un magasin de jouets, quand Régis voit quelque chose, il le veut. Puis, une fois le cadeau déballé devant le sapin, le garçon se tourne vers le paquet suivant sans même ouvrir la boîte.

Si j’étais Michel Dallaire, je ne défendrais donc Le Phare qu’avec un zèle très relatif. Il risque de se sentir seul quand le maire passera encore une fois à autre chose.

Penser à son héritage

L’ennui avec le maire Labeaume, ce n’est pas qu’il n’a pas de vision. C’est qu’il en a plusieurs.

Il l’explique lui-même ainsi: Régis cherche le «buzz», une manière de mettre Québec «sur la map» pour convaincre «le petit couple de la Polytechnique» de venir s’installer ici.

Cela fera bientôt 10 ans que Régis Labeaume est maire de Québec. Il est sain, légitime et rassurant qu’il réfléchisse à son héritage. Sauf qu’engagé dans sa course frénétique pour créer le fameux «buzz», Labeaume semble n’être jamais parvenu à doter sa politique de cohérence ou d’une vue d’ensemble. Ce qui mène à de bien étranges idées, comme celle de construire un gratte-ciel dans une zone qui n’en a pas besoin.

Qu’il pense donc à Jean-Paul L’Allier. Son prédécesseur a réussi à changer le visage de la ville. Il ne l’a pas fait en plantant une tour à la tête des ponts, mais plutôt un jardin dans Saint-Roch. En privilégiant le beau plutôt que le gros.

C’est à méditer, Monsieur le Maire...

 

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