Incendie de la rue Villon : mais où est ce damné compteur?
Coup d'oeil sur cet article
Voilà quatre mois que la maison mobile de la rue Villon, à Québec, est passée au feu. Son propriétaire montre du doigt le compteur intelligent qui, coup de théâtre, semble s’être volatilisé.
Hydro-Québec n’a jamais remis aux pompiers de Québec le fameux compteur intelligent que ces derniers réclamaient à des fins d’enquête, pour la simple raison qu’elle ne l’a jamais trouvé. Quatre mois après l’incendie, Hydro évoque pour la première fois qu’elle ne l’a jamais retiré de la maison incendiée.
«On a cherché sincèrement et de fond en comble. Le compteur n’a pas été retrouvé», affirme le porte-parole Patrice Lavoie d’Hydro-Québec. Dans ce contexte, poursuit-il, «l’hypothèse la plus vraisemblable, c’est que le compteur n’ait jamais été retiré, mais détruit dans l’incendie». Le Journal lui a demandé s’il pouvait assurer à 100 % que le compteur n’avait pas été égaré, ce à quoi il n’a pas répondu.
Le compteur détruit? «Non», réfute le chef investigateur au Commissariat aux incendies de la Ville de Québec, Yves Émond, étonné. Il est convaincu que les employés d’Hydro-Québec l’ont récupéré. «Aucun élément ne me permet de penser le contraire». Il a appelé plusieurs fois chez Hydro et «c’est la première fois que j’entends ça. Si tu sais que tu ne l’as pas, tu ne fais pas de recherches», tranche-t-il.
Le Commissariat aux incendies de la Ville de Québec a déploré que des employés d’Hydro-Québec s’étaient emparés avant les pompiers du compteur intelligent d’une maison mobile au lendemain d’un incendie le 11 novembre dernier, rue Villon, à Québec. Le propriétaire des lieux, Claude Martel, est convaincu qu’il est la cause du feu. Les enquêteurs des pompiers, eux, le considèrent comme un élément important dans l’enquête puisqu’ils ne peuvent rien conclure tant qu’ils ne l’ont pas vu.
Autant les pompiers qu’Hydro-Québec s’entendaient pour dire qu’il ne s’agissait que d’un malentendu. Hydro allait collaborer et remettre le compteur aux pompiers pour que les enquêteurs finissent leur travail, disait-on, jusqu’à ce que la société d’État ne change son discours, mardi, et affirme qu’elle ne l’a jamais eu en sa possession.
L’incident aura au moins permis aux deux intervenants de mettre les choses au clair. La Loi sur la Sécurité incendie prévoit que les commissaires sont maitre des lieux dans les 24 heures qui suivent l’extinction d’un incendie. Si Hydro-Québec récupère son compteur pendant cette période, c’est contre la loi, à moins, bien sûr, que le commissaire sur les lieux ne donne son aval. C’est ce que les deux organisations feront dorénavant. Hydro-Québec fera aussi un peu de pédagogie sur ses compteurs de nouvelle génération auprès de l’Association des chefs en sécurité incendie du Québec.
En attendant, Hydro-Québec défend corps et âme la sécurité ses compteurs de nouvelle génération. Le commissaire aux incendies de Québec ne l’a jamais identifié comme cause d’incendie. Sauf que dans ce cas précis, il ne pourra jamais en avoir la certitude tant qu’il n’aura pas vu ledit compteur. «Je n’ai pas dit s’il était impliqué ou non», insiste M. Émond. «Nous, on cherche une cause pour l’incendie, on cherche toutes les sources de chaleur potentielles et les compteurs, intelligents ou non, en sont une, comme n’importe quel appareil électrique.» Il ajoute que le compteur se trouve dans secteur où a débuté l’incendie de la maison mobile, ce qui fait de lui un «appareil d’intérêt» dans l’enquête.