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Légendes forestières et nostalgies

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Richard Desjardins (le gourou forestier de l’Abitibi) ressort les légendes au cœur de son film-catastrophe, L’Erreur boréale, aussi appelé L’Horreur boréale.

C’est ainsi qu’il s’apitoie de nouveau sur l’abattage des forêts de pins de la vallée du St-Laurent, de l’Outaouais et du Lac-Saint-Jean. Cette fois-ci, il cible un coupable: Napoléon.

S’il y a une part de vérité dans cette assertion, il faut s’empresser d’ajouter que la «déforestation» avait commencé bien avant l’Empereur français. En fait, la déforestation résulte de la colonisation (enclenchée dès le XVIIe siècle) et cette dernière avait pour finalité l’établissement d’un espace agricole.

Nos ancêtres ont abattu des arbres, essouché et semé, créant ainsi notre territoire agricole actuel. Et c’est là un phénomène universel. Partout dans le monde, l’agriculture s’est implantée en faisant reculer la forêt. Chez nous, ce processus est complété. Il n’y a plus de déforestation.

Enjolivement du passé

M. Desjardins se désole et s’indigne de cette déforestation. Qu’aurait-il fallu faire? Régresser vers l’ère des chasseurs-cueilleurs?

Étonnamment, je retrouve dans son texte un éloge de l’ancien temps des concessions forestières. Les compagnies, écrit-il, «avaient intérêt à les entretenir. On ne bûchait que l’hiver sur un sol gelé et enneigé. La régénération se faisait d’elle-même, sans besoin de plantation.»

Mon beau-père, qui a bûché toute sa vie, loin de sa famille tout l’hiver, d’abord à la hache et au sciotte, ensuite avec des scies mécaniques qui pesaient une tonne, ne serait pas aussi nostalgique que le barde abitibien. Cet enjolivement du passé est dérisoire, puéril et trompeur.

M. Desjardins en profite pour étaler sa vieille obsession de la «coupe à blanc». Cette idée fixe est au cœur de son film. Elle peut encore faire frémir les Âmes tendres du Plateau, mais, dans les régions forestières, ça fait longtemps que l’on sait que cette pratique est chose du passé depuis belle lurette. Elle a été remplacée par la coupe en mosaïque (une récolte de 40 % de la matière ligneuse).

Et il suffit de voir les images actuelles des espaces dévastés qu’il nous repasse en boucle dans son brûlot pour constater qu’après 15 ans, la régénération a fait son œuvre. Une nouvelle forêt est en pleine croissance.

Mais son film est toujours présenté dans les écoles. Mon petit-fils, qui fréquente la forêt depuis son tout jeune âge, a voulu faire savoir que sur le territoire où se trouve le chalet de son grand-père, il n’avait pas vu de «coupe à blanc». Il s’est fait dire que le débat était clos.

Anecdote

M. Desjardins, comme tout écolo, est réfractaire à la récolte mécanisée. Comme si elle n’était pas assujettie à des règles visant à protéger la régénération.

À ce sujet, je vous raconte une anecdote. Lors du tournage de son film, le gourou de l’Abitibi n’a pas voulu rencontrer le groupe d’experts de la forêt boréale de l’UQUAC (Saguenay) qui souhaitait lui soumettre les résultats de leurs recherches, et, particulièrement la remarquable capacité de régénération de la forêt boréale.

On devine qu’il craignait que son scénario-apocalypse soit mis en pièces.

Et la commission d’enquête? Un jeu de massacre... à la tronçonneuse!

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