Le hockey subventionné
Simard
Certains inconditionnels des Nordiques ont critiqué avec véhémence le choix de Québecor d’organiser un match préparatoire Canadiens-Pittsburgh dans LEUR amphithéâtre. Diantre!
Les vedettes de la radio locale ont blâmé le manque de sensibilité du gestionnaire au marché de Québec. Dans les faits, leur discours s’apparentait à une quête de subventions.
Parce que, voyez-vous, derrière la cabale du «Nordique outragé» se cache une triste réalité: lorsqu’il est question de sport professionnel à Québec, tout le monde aspire à faire payer les autres pour ses propres plaisirs.
Vous avez déjà fait l’effort d’imaginer une Ville de Québec où le marché du hockey serait libre et florissant? Une ville où les amateurs renonceraient à l’argent des contribuables et assumeraient tous les coûts de leur amour pour leur club préféré?
Une solution gagnant-gagnant
On pourrait par exemple vendre l’amphithéâtre aux inconditionnels des défunts Nordiques. Ils en réserveraient ainsi l’usage à qui bon leur semble et les contribuables récupéreraient les sommes qu’on leur a spoliées via leurs impôts et leurs taxes municipales.
On pourrait même louer notre vieux Colisée aux inconditionnels des Canadiens, pour que leur club y tienne ses entraînements, ses matchs préparatoires, voire qu’il y installe son club-école. Ainsi, les contribuables de Québec n’auraient plus à payer pour la démolition d’un Colisée devenu inutile.
Bref, tout le monde serait heureux, y compris l’amoureux du hockey non partisan qui y gagnerait par la concurrence réinstaurée.
La course à la rente
Malheureusement, cette solution «gagnant-gagnant» n’émergera pas. Parce que le marché québécois du hockey n’est pas aussi florissant qu’on le clame à la radio; parce que, sans argent public, il n’y aurait pas d’amphithéâtre; parce que Québec est une ville de hockey subventionné.
L’amphithéâtre de Québec est d’abord et avant tout un édifice public. Les politiciens qui l’ont construit avec notre argent ne vivent pas du marché, mais de la redistribution de privilèges aux groupes qui les réélisent.
Or, sur le marché politique, on n’achète pas les meilleures places dans une billetterie, mais en exerçant des pressions sur les décideurs. Il ne faut donc pas se surprendre qu’à la veille de son inauguration, l’amphithéâtre attise la convoitise; que tous les chasseurs de rente s’activent pour s’en faire octroyer un usage exclusif.
Mais il y a un os à cette quête de privilèges. En cours de processus, les politiciens ont confié la gestion du temple à une entreprise privée qui n’a pas accès aux poches du contribuable pour subventionner les frustrations partisanes de tout un chacun. La société Québecor qui, d’ici le retour des Bleus, doit minimiser son risque d’affaires en satisfaisant le plus grand nombre de consommateurs de sports et de spectacles.
C’est d’ailleurs cette dernière qui aura vu juste: tous les billets du match préparatoire entre les Canadiens et les Penguins se sont envolés en 1 heure 15. Un appui de taille des amateurs au retour des Nordiques. Québec commence à ressembler à une grande ville de hockey finalement!