/lifestyle/focus
Publicité

Course folle à la présidence en France



À deux ans des élections présidentielles françaises, trois poids lourds de la politique pourraient s’affronter. À l’extrême droite, Marine Le Pen s’installe de plus en plus comme une concurrente redou­table, tandis qu’à droite l’ancien président Nicolas Sarkozy poursuit son grand retour et qu’à gauche l’actuel président François Hollande pourrait vouloir tenter un miracle en briguant un second mandat malgré un bilan considéré comme désastreux par de nombreux observateurs. Dans un climat économique et social toujours très tendu, l’extrême droite, qui incarne entre autres la vengeance des Français les plus délaissés, a de réelles chances de passer au second tour, comme en 2002.

Le front national au second tour ?

Marine Le Pen Photo AFP

L’hypothèse n’a rien d’une fiction. Comme son père il y a 15 ans, la chef du Front national (FN) Marine Le Pen a aujourd’hui de fortes chances de rafler suffisamment de suffrages au premier tour pour décrocher son billet pour le second.

Depuis le passage de témoin entre Jean-Marie Le Pen et sa fille en 2011, le parti d’extrême droite n’a pas cessé d’asseoir sa percée sur l’échiquier politique. Et ce n’est pas la guerre de famille qui a éclaté ce printemps qui risque d’ébranler le FN. Bien au contraire.

En décidant de suspendre son père du parti à la suite de nouveaux propos controversés, Marine Le Pen confirme sa volonté de «dédiaboliser» sa formation politique. Début avril, Jean-Marie Le Pen avait réitéré que les chambres à gaz, durant la Seconde Guerre mondiale, n’étaient qu’un «détail de l’histoire», refusant une nouvelle fois de considérer le maréchal Pétain, un ancien collaborateur, comme un traître.

Controverses à répétition

Les frasques antisémites à répétition de Jean-Marie Le Pen n’avaient jusqu’à présent jamais entraîné de réelle sanction de la part de sa fille, qui s’est souvent contentée de rester silencieuse. En mai 2014, il déclarait pourtant: «L’immigration? Monsieur Ebola peut régler ça en trois mois.» Et au sujet du chanteur d’origine juive Patrick Bruel qui refusait de se produire dans les villes tenues par le FN: «Lui, ça ne m’étonne pas. On fera une fournée la prochaine fois.»

S’il continue de jouer les trouble-fête, Jean-Marie Le Pen pourrait toutefois créer une division au sein du parti, estime Samir Saul, professeur d’Histoire de la France à l’Université de Montréal. «Il peut gêner le «FN new look» voulu par sa fille.

Le vent dans les voiles

Le Front national affiche les meilleurs résultats de son histoire. Si elle franchit la première étape des présidentielles, Marine Le Pen serait toutefois battue au second tour, qu’elle tombe face au candidat de droite ou de gauche, indiquent des sondages réalisés par différents médias français depuis le début de l’année.


Le retour de Sarkozy

Nicolas Sarkozy Photo REUTERS

Éclaboussé par les scandales au cours des dernières années, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy tente de faire oublier le passé en ravalant la façade de son parti et en se présentant comme le sauveur de la droite.

L’Union pour un mouvement populaire (UMP) est en pleine mutation depuis que Nicolas Sarkozy est revenu à la barre du navire l’an dernier. Mais le changement de nom qui devrait avoir lieu dans les prochains jours – pour «Les Républicains» – ne suffira pas, estime Samir Saul, professeur d’Histoire de la France à l’Université de Montréal: «Il veut faire oublier ses affaires et le mauvais bilan de son quinquennat, mais il aura du mal à se renouveler rien qu’en changeant de logo.»

«Il n’est pas convainquant dans son rôle de “nouveau Sarko”, mais il a la machine avec lui, il est à la tête du parti et c’est un avantage», souligne quant à elle la professeure Caroline Patsias, du département de sciences politiques de l’UQAM.

L’adversaire Juppé

Si Nicolas Sarkozy semble en bonne voie pour redevenir le candidat de la droite aux prochaines présidentielles, il fera toutefois face à un adversaire de taille au sein de son parti: Alain Juppé, l’ex-premier ministre de Jacques Chirac, qui fait ses preuves depuis des années à la mairie de Bordeaux.

Le parti choisira son candidat lors des primaires de 2016. D’après les derniers sondages, Nicolas Sarkozy l’emporterait si l’élection n’est ouverte qu’aux membres du parti, mais Alain Juppé le devancerait si l’élection s’adressait à tous les Français.

Ratisser au centre

En attendant, les deux candidats poursuivent chaque jour un peu plus leur campagne et tentent de gonfler leurs soutiens. «La droite aura besoin des centristes pour gagner, Juppé s’appuie sur eux ouvertement, tandis que Sarkozy prétend ne pas le faire, mais en le faisant. Ils essaient tous deux de ratisser au centre, c’est ça l’enjeu», explique le professeur Saul.


Hollande ou Valls ?

François Hollande Photo REUTERS

Malgré un bilan jugé catastrophique et des records d’impopularité, l’actuel président de la République, François Hollande, pourrait tenter de remettre le couvert en 2017.

«Il va vouloir se représenter. Des élus qui briguent la présidence de la France pour un mandat, il n’y en a pas beaucoup», souligne Caroline Patsias, professeure en sciences politiques à l’UQAM.

Les « sans-dents »

Pourtant, le patron du Parti socialiste (PS) collectionne les tuiles et les échecs depuis son élection en 2012. «Il a été élu pour un programme de relance économique qui n’a jamais eu lieu, comme Sarkozy avant lui. On comprend que les Français soient déçus et désorientés», explique Samir Saul, professeur d’Histoire de la France à l’UdM.

Autre controverse, la découverte de sa liaison avec l’actrice française Julie Gayet qui a entraîné sa séparation d’avec Valérie Trierweiler et la sortie d’un livre dévastateur pour le président. Son ancienne compagne y écrit notamment que Françoise Hollande méprise les pauvres en les surnommant les «sans dents».

Au tour de Valls ?

En 2017, Hollande aura très probablement son mauvais bilan à défendre. Si la contestation est trop forte, il pourrait s’effacer pour laisser la place à son premier ministre Manuel Valls, qui est plus populaire.

«Il incarne la droite du PS, il est ambitieux, il aimerait bien accéder à l’Élysée dès maintenant», avance le professeur Saul.

Comme toujours, le défi du PS sera d’essayer d’unir ses forces avec divers partis de gauche, plus petits, pour affronter la droite et passer le premier tour de l’élection.

 







Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.