Donald Trump et la démocratie spectacle
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J’imagine les démocrates déjà en train de sabler le champagne... Ça ne faisait même pas vingt-quatre heures que l’inénarrable Donald Trump s’était lancé dans la course à la présidence des États-Unis, qu’il jetait le discrédit sur l’ensemble de l’investiture républicaine.
«Peut-être que les gens n’aiment pas mon style. Peut-être qu’ils n’aiment pas mes cheveux... qui sont vrais, en passant!» a lancé l’arrogant magnat de l’immobilier new-yorkais devant une poignée de bénévoles, mercredi, au New Hampshire.
Comme si avec Trump, c’était ses cheveux qui posaient problème...
Avec ses insultes et son mépris légendaires, Trump a réussi en une seule journée de campagne à écorcher tout le monde, y compris les candidats de son propre camp.
Jeb Bush, l’actuel meilleur espoir pour les républicains de ravir la Maison-Blanche en 2016? Un « homme malheureux, sans énergie, qui ne peut pas gagner.»
Le vétéran rockeur Neil Young, à qui il a «emprunté» la chanson Rockin’ in the Free World pour son annonce clinquante, mardi, dans SA tour de marbre de la 5e avenue? Pas assez d’égard pour lui en demander l’autorisation, ni, évidemment, lui payer ses droits d’auteur.
Et que dire de ses propos pleins de dégoût envers les Mexicains, ces «violeurs» qui entrent aux États-Unis avec leurs «drogues» et leurs «crimes»?...
Bien sûr, la candidature de Trump fait le régal des humoristes de fin de soirée, la une des tabloïdes qui le traitent de «clown», enflamme Facebook... Mais à part ça, elle enrichit en quoi la démocratie, au juste?
J’ai eu l’occasion de rencontrer cette semaine le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, de passage à Montréal pour le sommet des gouverneurs et des premiers ministres des Grands Lacs et du Saint-Laurent.
Walker est lui-même sur le point d’annoncer sa candidature à l’investiture républicaine (il est actuellement un des trois meneurs, selon le réputé Larry Sabato Crystal Ball, du centre d’études politiques de l’Université de la Virginie).
Lorsque je lui ai demandé sa réaction à l’arrivée de Trump dans la course, difficile de cacher son inconfort... Walker espère que sa candidature ne survivra pas jusqu’à la saison des débats qui débute au mois d’août. C’est tout dire.
Évidemment, vous me direz qu’on a affaire ici à Donald Trump, le grand expert de la pure provoc et du bling-bling. L’homme aux commandes de Miss Univers qui rêve de gouverner les États-Unis avec Oprah Winfey comme vice-présidente. Vous me direz que le Donald Trump divertissement est à prendre avec dérision.
Évidemment, vous avez raison. Mais ce qui me dérange tout de même avec Trump officiellement candidat à la présidence américaine, c’est la bêtise généralisée de la chose. La bêtise de celui qui se dit: «je suis riche, je me paie ce trip». «La démocratie? Une joke.» «L’investiture républicaine? Un bon show de télé.» «L’élection du leader du monde libre? Rions un peu»...
Les démocrates sont peut-être en train de sabler le champagne avec l’arrivée de l’hurluberlu Trump dans le camp adverse. Reste que c’est l’Amérique tout entière qui risque le mal de bloc au lendemain d'un spectacle aussi pathétique...