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Six mois pour changer de vie

Sarah Bouchard, Le sursis. Éditions  LaSemaine, 428 pages
Photo courtoisie Sarah Bouchard, Le sursis. Éditions LaSemaine, 428 pages

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La romancière Sarah Bouchard, auteure de la trilogie Attraction, présente un roman coup-de-poing qui invite à réfléchir et à réévaluer à la fois son chemin de vie et ses actes pour faire une différence dans sa vie et celle des autres: Le sursis. C’est ce que choisit de faire Anaïs Gareau, son héroïne, lorsqu’elle reçoit un diagnostic de cancer.

Anaïs, 33 ans, croit posséder tout ce qui lui est nécessaire pour avoir une vie parfaite: un bel appartement, un emploi qui lui procure une indépendance financière et toutes sortes de biens de luxe. Elle est persuadée de se suffire à elle-même et ne s’est jamais investie dans ses relations. Jusqu’à ce que le médecin lui annonce qu’il ne lui reste que six mois à vivre.

Confrontée à la futilité de son existence, Anaïs vit entre les peurs et les joies intenses, entre l’abandon et la résilience, et comprend que rien n’est jamais joué et que les miracles ne surviennent pas toujours là où on les attend.

«Des gens superficiels, on en connaît tous dans nos vies et, pour Anaïs, je l’ai fait à l’extrême», explique Sarah Bouchard en entrevue. «Ce qui est important pour elle, c’est le luxe, son appartement, ses vêtements, ses chaussures, les marques, les apparences. Elle n’a pas d’ami, pas de copain, pas d’enfant, pas de mari, car avoir des gens autour de soi, ça veut dire s’en occuper, être obligée de se sacrifier, mais elle ne veut pas ça. Quand elle va apprendre qu’il lui reste six mois à vivre, elle va non seulement se rendre compte qu’elle est toute seule pour affronter ça, mais aussi qu’elle n’a rien fait de sa vie.»

Les « miracles »

En six mois, Anaïs se demande ce qu’elle peut faire et ce qu’il lui reste. «Elle va passer par toutes les étapes du deuil: le déni, la colère, pour finir par l’acceptation. Il va se mettre sur son parcours, “miraculeusement’’, des gens qui vont lui faire comprendre que ce n’est pas parce qu’on lui a dit qu’elle allait mourir dans six mois que c’est nécessairement vrai. Personne ne connaît l’avenir. Ça ne prend pas nécessairement 30 ans pour faire quelque chose de sa vie. Il s’agit de le décider.»

Deux événements ont convaincu Sarah Bouchard d’écrire ce roman. Une personne de son entourage a reçu le terrible diagnostic de cancer des os et cette personne, à qui on n’avait donné que six mois à vivre, a finalement vécu sept ans. «Je me demandais comment elle pouvait se lever le matin en sachant qu’elle pouvait mourir la semaine d’après, pendant sept ans. Oui, il y a des statistiques. Mais jusqu’à quel point on a le droit d’enlever l’espoir aux gens? Ça m’a choquée et je me suis questionnée par rapport à ça.»

Sarah Bouchard explique qu’elle a aussi été confrontée à des épreuves qui l’ont forcée à apprendre à vivre le moment présent. «Le fameux moment présent dont on entend tellement parler... J’ai été obligée d’essayer de le mettre en application.»

Marquée profondément

Le livre de l’écrivaine française Christiane Singer, Derniers fragments d’un long voyage, l’a marquée profondément. «Il y avait dedans une phrase d’un philosophe qui disait: il n’y a pas de mauvaises choses dans la vie, il y a juste de mauvaises façons de les considérer.»

Avec toutes ces idées, elle avait le matériel nécessaire pour écrire un roman. «Notre chère Anaïs, qui a si peur de s’engager auprès des gens, va commencer à être celle qui sera là pour ceux qui n’ont personne ou celle qui voit les choses que personne ne voit.»

♦ Sarah Bouchard est née à Sainte-Hedwidge, au Lac-Saint-Jean.

♦ Elle a écrit Emprise et la trilogie Attraction.

EXTRAIT

«Le médecin semble perdre patience. Il enlève ses lunettes et frotte ses yeux rougis. Depuis combien de temps n’a-t-il pas dormi? À voir son regard épuisé, il semble plus malade que moi. Il confond sans doute les chiffres, interprète mal les résultats. Oui, c’est cela!

- Mademoiselle Gareau, vous avez un cancer des ovaires, probablement à un stade avancé, répète-t-il d’une voix lasse. C’est votre dossier que j’ai entre les mains. Si vous souhaitez le consulter, vous le pouvez. Je vous le répète, il n’y a pas d’erreur et, malheureusement, le diagnostic est sans appel. Il faut de toute urgence procéder à d’autres tests.»

—Sarah Bouchard, Le sursis, Éditions La Semaine

 

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