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La bataille de l’Arctique

Les craintes légitimes du Canada devraient plutôt s’articuler autour du passage du Nord-Ouest

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Depuis maintenant plusieurs années, Stephen Harper a fait de la souveraineté canadienne dans l’Arctique un élément important de sa rhétorique et les revendications territoriales des autres États dans cette région ne contribuent qu’à la renforcer.

Depuis maintenant plusieurs années, Stephen Harper a fait de la souveraineté canadienne dans l’Arctique un élément important de sa rhétorique et les revendications territoriales des autres États dans cette région ne contribuent qu’à la renforcer.

Dans les circonstances, le Canada se retrouve maintenant dans un bras de fer avec la Russie, qui n’hésite pas elle aussi à y affirmer sa souveraineté, notamment par le biais de manœuvres militaires ainsi que par le survol du territoire avec des avions militaires.

Le dépôt récent devant une commission des Nations unies des revendications territoriales russes en Arctique n’a fait qu’accentuer davantage l’image d’une Russie expansionniste et menaçante pour la souveraineté cana­dienne.

Or, la crainte de voir la Russie accaparer ce territoire ainsi que ses ressources naturelles est largement exagérée et nous détourne du véritable enjeu pour le Canada dans la région.

Des craintes exagérées

Il est à noter que la plupart des gisements en hydrocarbures et la quasi-tota­lité des gisements minéraux connus se situent dans les zones exclusives des États, c’est-à-dire en deçà des 20 milles nautiques.

En conséquence, le contrôle de l’exploitation exclusive des ressources est donc largement acquis. Seulement 5 % des ressources naturelles de la région se trouveraient au-delà de ces espaces.

En outre, il faut être conscient que l’éloignement géographique des riches­ses qui se trouvent dans la région contribue à augmenter substantiellement les coûts d’exploitation. Par exemple, l’exploitation d’un gisement de pétrole dans l’Arctique dépasse largement les cours actuels sur les marchés internationaux. Peut-être sera-t-il un jour rentable d’y exploiter les gisements, mais cette possibilité demeure aujourd’hui largement hypothétique.

Le passage du Nord-Ouest

Les craintes légitimes du Canada devraient plutôt s’articuler autour du passage du Nord-Ouest. Alors que ce détroit reliant deux mers a été pendant longtemps fermé à la navigation commerciale, la fonte des glaces, que l’on attribue aux changements climatiques, laisse entrevoir la perspective d’un cours d’eau pouvant être utilisé à longueur d’année.

Selon les normes internationales, une étendue d’eau devient un détroit international lorsqu’elle est empruntée de manière effective et régulière par des navires commerciaux. Or, comme il n’y a eu que 120 transits de cette nature effectués en 1906 et 2006, le passage du Nord-Ouest ne respecte pas ce critère. Le passage a plutôt le statut de mer intérieure, ce qui a permis au Cana­da d’y réguler la circulation maritime et d’y faire respecter des législations environnementales. C’est sur cette base qu’il a tenté pendant longtemps (certes, avec un succès mitigé) d’y interdire le passage de super­pétroliers.

Or, avec la fonte des glaces dans la région, le danger est réel de voir le statut international du passage évoluer dans une direction qui ne permettrait plus au Canada d’y exercer une véritable souveraineté.

En somme, si Stephen Harper était réellement sérieux dans sa volonté de défendre la souveraineté cana­dienne en Arctique, sa priorité ne devrait pas consister à jouer au soldat de fortune contre Vladimir Poutine. Il devrait plutôt s’attaquer sérieusement à la lutte contre le réchauffement climatique.

 

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