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Un inconnu lui soutire 4000$

Une aînée raconte comment elle a été victime de la fraude des grands-parents

Un inconnu lui soutire 4000$
Photo Le Journal de Montréal, Karine Limoges


Thérèse Fortin (nom fictif) ne s’attendait pas à recevoir un coup de fil de son filleul. «Matante, c’est moi Benjamin. Je suis mal pris, ne le dis pas à papa, mais la police m’a arrêté. Il me faut 4000 $ pour ne pas être incriminé, je vais te le remettre.»

Quelques heures plus tard, un inconnu débarquait chez l’octogénaire qui habite seule pour récupérer l’argent, dont elle n’a plus jamais revu la couleur­­.

La Mascouchoise a été victime, en septembre 2014, comme des centaines de Québécois chaque année, d’un stratagème de plus en plus répandu, appelé l’escroquerie des grands-parents­­.

«Il est mieux de ne pas revenir. Je ne lui pardonne pas. Il va brûler en enfer», prophétise-t-elle en se levant de sa chaise.

Les paroles résonnent

D’une nature plutôt joviale, Thérèse n’entend pas rigoler de cet incident qui aurait pu tourner au tragique.

«La police ne peut pas venir au guichet avec moi. Un bon ami à moi, qui reste à Terrebonne, va aller chercher l’argent. Il s’appelle Mathieu Beauregard.»

Les paroles de celui qui s’est fait passer pour son neveu résonnent encore à l’oreille de Thérèse Fortin.

Pour garder une trace de ce «prêt», Thérèse a convaincu le dénommé Mathieu de signer un papier qui stipule qu’elle lui a remis 4000 $.

Elle se souvient très peu de l’homme qui a débarqué chez elle. Un grand gars, un colosse, habillé tout en noir. Il est resté moins d’une minute et demie.

«J’étais dans ma bulle de sauvegarde de Benjamin», explique-t-elle.

Puis, l’inquiétude

Une semaine complète se passe. Thérèse n’a rien dit de la mésaventure de son filleul à son frère.

«Je suis capable de garder un secret», glisse-t-elle.

Le dimanche, prenant son courage à deux mains, elle écrit sur papier un texte qu’elle lira sur la boîte vocale de Benjamin.

«Ça me prend mon 4000 $, tu m’avais dit que tu me rembourserais», récite-t-elle.

Benjamin la rappelle, surpris, et lui assure qu’il était aux États-Unis pour une série de conférences.

C’est alors que sa famille l’encourage à porter plainte à la police­­.

Furieuse

«Je vis de mes rentes et prestations, je n’ai pas beaucoup de sous. Cet argent, c’était mon coussin», déplore-t-elle.

Le montant qui lui a été dérobé aurait servi aux rénovations qu’elle souhaitait faire dans sa maison. Elle a dû reporter ce projet qui lui tenait à cœur.

Précautions

Aujourd’hui, son téléphone est équipé d’un afficheur et d’un répondeur. Si elle ne connaît pas le numéro de la personne qui appelle, elle ne répond pas. La personne laisse un message, et elle rappelle.

«La peur n’est pas rentrée en moi, martèle l’aînée qui a tout de même vécu une histoire traumatisante. Je n’y pensais plus, au diable, mais il rôde. Qu’ont-ils en tête pour faire du mal au monde de même?»

Elle se montre reconnaissante de l’aide que lui ont apportée les ateliers du programme Accès aux ressources pour le respect des personnes aînées (ARRA).

La fraude d’urgence

(aussi appelée fraude des grands-parents ou méthode du petit-fils)

1• Un grand-parent reçoit l’appel d’un escroc prétendant être un proche.

2• Le proche soutient qu’il est dans le pétrin et qu’il a un urgent besoin d’argent.

3• La victime ne vérifie pas l’origine de l’appel et accepte d’envoyer de l’argent.

 







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