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Le rapport Charbonneau n'inquiète pas les acteurs clés de la commission

La commissaire France Charbonneau présentera son rapport ce matin, mais ne répondra à aucune question.
La commissaire France Charbonneau présentera son rapport ce matin, mais ne répondra à aucune question. Photo d'archives


Le rapport de la commission Charbonneau, qui sera déposé ce matin, n’inquiète nullement plusieurs gros noms qui pourraient être blâmés. Autant Gérald Tremblay, Tony Accurso que Lino Zambito ont confié au Journal hier qu’ils sont sereins.

C’est à 11 h que le rapport final de la juge France Charbonneau révélera la liste des personnes et des organismes qui seront blâmés dans le cadre de l’enquête de quatre ans sur l’industrie de la construction.

Un moment crucial qui ne fait pas pour autant perdre le sommeil à Gérald Tremblay, que Le Journal a rejoint à son chalet des Laurentides.

«Ça fait longtemps que j’attends [le rapport]. Non, je ne suis pas du tout nerveux», a indiqué avec une voix sereine l’ex-maire de Montréal. Il a ajouté qu’il «essayait de profiter» de son temps au chalet en attendant la publication du rapport, qu’il commenterait par la suite.

La commissaire France Charbonneau présentera son rapport ce matin, mais ne répondra à aucune question.
Gérald tremblay, Ex-maire de Montréal Photo d'archives

Même son de cloche chez le collusionnaire devenu délateur Lino Zambito, qui dit s’attendre à être blâmé dans le rapport de la juge Charbonneau, mais avoir hâte de pouvoir tourner une page sur cette période.

«Je n’ai pas de nervosité. Après quatre ans depuis le début des travaux, je pense qu’il est temps aussi que le rapport soit remis et que la commission passe à une autre étape. [...] Je m’attends à une motion de blâme, mais pas à pire parce que j’ai dit exactement ce que j’ai fait. Je ne suis pas inquiet du tout», a confié M. Zambito.

 

La commissaire France Charbonneau présentera son rapport ce matin, mais ne répondra à aucune question.
L’entrepreneur Tony Accurso, l’ex-président de la FTQ-C Jean Lavallée et l’ex-directeur général de la ville de Montréal Robert Abdallah s’amusent ferme lors d’un voyage dans le sud. Photo d'archives

Accurso indifférent

D’ailleurs, le controversé entrepreneur Tony Accurso est tellement indifférent envers le rapport qu’il a indiqué au Journal lundi avant-midi qu’il n’avait même pas eu vent de sa publication imminente.

«Nerveux? Non. Je ne savais même pas que le rapport sortait bientôt. J’étais à l’extérieur jusqu’à récemment», a répété plusieurs fois M. Accurso.

La commissaire France Charbonneau présentera son rapport ce matin, mais ne répondra à aucune question.
L’ex-président de la FTQ Michel Arsenault est venu se défendre devant la Commission. Photo d'archives

FTQ-Construction indemne?

Pour sa part, le porte-parole de la FTQ-Construction, centrale syndicale montrée du doigt à maintes reprises lors des audiences de la commission, a révélé que le syndicat n’avait jamais reçu de préavis de blâme de la commission. Il serait donc «étonné» si l’organisme était blâmé dans le rapport final.

Rejoints par Le Journal, l’ancien directeur général de la FTQ-Construction Jocelyn Dupuis et un porte-parole de l’ex-premier ministre Jean Charest ont refusé de commenter l’arrivée du rapport.

L’effet «téflon» du Parti libéral du Québec

La commissaire France Charbonneau présentera son rapport ce matin, mais ne répondra à aucune question.
L’ex-premier ministre Jean Charest dans les bras du controversé entrepreneur Tony Accurso, lors d’une activité de financement. Photo courtoisie
 
Le rapport de la commission Charbonneau aura peu d’impact sur le Parti libéral du Québec, puisque les critiques glissent sur le parti à l’image d’une «poêle en téflon», affirment plusieurs analystes politiques.

Le PLQ, le Parti québécois et l’Action démocratique (avant la fusion avec la CAQ) pourraient fort bien être éclaboussés par le rapport de la commission d’enquête qui s’est penchée sur des pratiques douteuses de financement des partis politiques lors de ses audiences.

La formation de Philippe Couillard pourrait être particulièrement ciblée, notamment parce que les libéraux ont été longtemps au pouvoir et qu’ils ont fait l’objet de plusieurs allégations, rappelle Danielle Pilette, professeure au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM.

«Mais cela aura peu de conséquences sur le Parti libéral, qui est assez “téflon”. On le voit avec ses politiques d’austérité. La population n’en veut pas et, pourtant, cela n’a pas d’impact sur la popularité du parti», croit-elle.

Scandale des commandites

Contrairement au scandale des commandites qui avait porté un dur coup au Parti libéral du Canada, le rapport de la commission Charbonneau ne devrait pas détourner la population du gouvernement Couillard, croit aussi le politicologue Jean-Marc Piotte.

«À mon avis, M. Couillard va tenter de noyer le poisson, de se distancer de tout cela. Il va réaffirmer que son parti a changé. Et comme le Parti québécois a aussi été mentionné lors des audiences, ses critiques contre le gouvernement pourraient être plus modérées que ce à quoi on pourrait s’attendre», ajoute-t-il.

«Le PLQ a été écorché avant et pendant la commission. Le mal est fait. On ne risque pas de découvrir d’éléments nouveaux dans le rapport comparativement à ce qu’on savait déjà», renchérit l’expert en relations publiques Bernard Motul­sky.

En fait, ce sont tous les partis politiques qui ressortiront collectivement «perdants» de cet exercice et qui souffriront des conclusions de la juge Charbonneau, estime Caroline Patsias, professeure en sciences politiques à l’UQAM.

Négatif pour l’ensemble

«On peut prévoir des effets négatifs pour l’ensemble de la classe politique. Cela fera mal à tous les partis puisque ça viendra confirmer l’image négative que certains électeurs ont déjà du monde politique.»

«Tout le monde a été éclaboussé: des partis provinciaux, des partis municipaux, des syndicats, etc. Le mandat de la commission était tellement large qu’il sera difficile pour la population d’identifier un bouc émissaire précis», analyse aussi Emmanuel Choquette, professeur à l’Université de Sherbrooke.

Qui sera blâmé?

Les partis provinciaux

Le PQ, l’ADQ (maintenant la CAQ) et principalement le PLQ ont tous fait l’objet d’allégations de financement illégal de la part de témoins de la commission. Il était question de prête-noms et de proximité entre élus, ingénieurs et entrepreneurs.

La FTQ et la FTQ-Construction

Ingérence alléguée dans des dossiers du Fonds de solidarité, proximité douteuse avec des entrepreneurs; l’image de la FTQ et celle de son ex-président Michel Arsenault ont été passablement ternies, à la suite, notamment, du témoignage de Ken Pereira.

Union Montréal

Le parti politique de l’ex-maire Gérald Tremblay, c’est celui dont le coffre-fort ne fermait plus tant il y avait des liasses d’argent comptant, a-t-on appris à la commission. Son collecteur de fonds, Bernard Trépanier, exigeait-il bel et bien une ristourne en échange de contrats municipaux?

Des élus municipaux

Des politiciens locaux autrefois puissants comme Frank Zampino et Gilles Vaillancourt ont fait l’objet d’allégations accablantes, mais seul le premier est venu s’expliquer en audiences publiques.

D’ex-fonctionnaires
 
La commissaire France Charbonneau présentera son rapport ce matin, mais ne répondra à aucune question.
Les dizaines de milliers de dollars remis à la Commission par l’ex-ingénieur corrompu Gilles Surprenant. Photo courtoisie

Il serait surprenant que d’ex-fonctionnaires comme Gilles Surprenant ou Luc Leclerc, qui ont admis avoir été corrompus à coup de centaines de milliers de dollars, ne reçoivent pas un blâme bien senti de la part de la juge Charbonneau.

Entrepreneurs et ingénieurs

Ils ont participé à plusieurs cartels et à du financement illégal pendant de nombreuses années selon des témoignages.

- Avec la collaboration de Sarah-Maude Lefebvre et Jean-Louis Fortin

 







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