Rapport Charbonneau: Gérald Tremblay aurait dû agir
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L'ancien maire de Montréal, Gérald Tremblay aurait dû agir au lieu d'ignorer les indices de corruption qui étaient bien présents, soulève le rapport final de la commission Charbonneau.
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Même s’il avait été averti dès son arrivée à la mairie de Montréal, en 2001, de «rumeurs à l’effet que des enveloppes brunes circulaient à l’hôtel de ville», M. Tremblay «passait à l’action quand les scandales éclataient ou quand il craignait qu’ils éclatent».
«Entre avril 1996 et avril 2009, au moins six rapports internes ont relevé des anomalies importantes en lien avec l’octroi et la gestion des contrats de construction. Dans la plupart des cas, ces rapports n’ont fait l’objet d’aucun suivi, notamment en raison de lacunes dans la gestion documentaire et la transmission de l’information aux instances décisionnelles», peut-on lire dans le rapport.
On indique également que deux directeurs généraux n’ont pas agi ou ont fait preuve de tolérance face à des indices de corruption et de collusion durant cette même période.
Son bras droit jusqu’en 2008, Frank Zampino, a complètement ignoré les normes d’intégrité soulève également le rapport.
Le rapport revient sur les nombreux épisodes où M. Zampino, qui était aussi maire de l'arrondissement de Saint-Léonard, s’est placé en conflit alors qu’il était président du comité exécutif et qu’il acceptait bouteilles de vin, repas, billets de hockey de la part d’entrepreneurs sans y voir de problèmes.
«Dans un tel contexte, les Montréalais ne pouvaient s’attendre à ce que les personnes qu’ils avaient élues pour diriger leur ville combattent la collusion et la corruption», soulève le rapport.
Dans le document, la commission indique que M. Tremblay a préféré s'en remettre au président du comité exécutif, Frank Zampino.
Union Montréal financé par les cartels
Le financement des partis politiques par les entreprises était une pratique bien ancrée à Montréal lorsque Gérald Tremblay a fondé le parti Union Montréal indique aussi le rapport de la juge France Charbonneau et du commissaire Renaud Lachance.
Union Montréal était même un des partis les plus avides d’argent comptant souligne le document.
De 2001 à 2009, les contributions des firmes de génie à la caisse d’Union Montréal ont dépassé les 2M$ selon le rapport.
Plusieurs des entrepreneurs qui finançaient le parti de Gérald Tremblay étaient ceux qui avaient créé des cartels pour se répartir les contrats de Montréal.
Dans le rapport, la commission Charbonneau cite même un passage du témoignage de Bernard Trépanier, responsable du financement d’Union Montréal.
«Les règles étaient claires : les contrats étaient réservés aux amis du parti», avait déclaré M. Trépanier, qui est aussi surnommé M. 3%, en raison de la ristourne qu’il aurait demandé à certain entrepreneurs pour l’obtention de contrats municipaux.
Le financement illégal ne s’est pas limité au parti au pouvoir.
Vision Montréal, dirigé par l’ancien maire Pierre Bourque, était aussi financé par des entreprises de construction qui obtenaient des contrats avec la Ville.
Lors de son passage à la commission, l’entrepreneur Tony Accurso avait d’ailleurs mentionné qu’un de ses compagnies avait acheté plusieurs billets pour un cocktail de financement de Vision Montréal.
Le parti Vision Montréal avait été secoué par des scandales et le Directeur général des élections du Québec avait même lancé une enquête en 1996 qui avait abouti à l’émission de 213 constats d’infraction.
Ce qu'ils ont dit...
«Le maire Denis Coderre doit faire maison propre. Il y a dans son équipe, dans les gens qui votent avec lui constamment sur l’ensemble des décisions qu’il prend, trois maires qui ont été élus avec des élections clés en main» - Luc Ferrandez, chef de l’opposition officielle (Projet Montréal).
«Avec la nouvelle administration, nous avons mis un frein à la question de la corruption. Même quand on parle du déneigement, on avait un processus (avec le Bureau de l'inspecteur général) qui nous a permis d’identifier une situation» - Denis Coderre, maire de Montréal
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