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Le dilemme de Poutine

Poutine espère que la participation russe en Syrie contribuera à un assouplissement des sanctions économiques imposées par l’Occident.

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L’affaire syrienne était déjà compliquée. Elle l’est devenue encore davantage mardi dernier lorsque deux F-16 turcs ont abattu un bombardier russe. L’avion survolait-il l’espace aérien turc? L’un l’affirme, l’autre le nie. Nous ne le saurons probablement jamais.

Une chose est toutefois certaine: le véri­table perdant de cette triste histoire risque d’être le président russe Vladimir Poutine, qui est aujourd’hui confronté à un dilemme politique duquel il ne pourra vraisemblablement que sortir affaibli.

Le pari de Poutine

Après des mois d’inaction, le président Poutine a enfin autorisé en septembre dernier l’utilisation des forces armées russes afin de combattre les terroristes de l’État islamique. Comment expliquer ce revirement de situation de la part du maître du Kremlin, d’autant plus que seulement 14 % des Russes étaient favorables à l’envoi de trussie + poutine oupes au Moyen-Orient au moment où ce dernier a pris la décision d’intervenir?

Il semble clair que plusieurs facteurs expliquent la collaboration de la Russie aux opérations contre l’État islamique. Toutefois, il semble bien que la volonté de Moscou de rétablir les ponts rompus il y a plusieurs mois avec l’Occident en raison de la crise ukrainienne soit un facteur déterminant.

L’action de la Russie à l’est de l’Europe a suscité la fureur de la communauté internationale, qui lui a alors impo­sé de nombreuses sanctions économiques. Avec la chute du prix du baril de pétrole, l’économie russe s’est retrouvée asphyxiée, soulevant ainsi la grogne de la population et des élites financières qui ont vu leur pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil.

Vladimir Poutine n’est pas insensible à ces critiques, dans la mesure où cette insatisfaction a entraîné une série d’attaques frontales de la part des quelques blogueurs et journalistes encore assez courageux pour oser critiquer l’autoritarisme poutinien contre des membres de sa garde rapprochée.

Ces critiques inhabituelles ont mené à la démission de plusieurs d’entre eux au cours des derniers mois. Poutine est en droit de se demander si la prochaine charge ne sera pas dirigée contre lui.

Dans le cadre du conflit syrien, il se pourrait bien que Poutine joue son va-tout en espérant que la participation russe dans la région contribuera à un assouplissement des sanctions économiques, contribuant ainsi à le sauver politiquement.

Un dilemme gordien

Or, les événements de mardi dernier viennent changer la donne. Devant les protestations populaires soulevées par la destruction du bombardier russe, Poutine ne peut rester les bras croisés. Les Russes s’attendent à ce qu’ils fassent preuve de fermeté devant Ankara et l’OTAN. Comme il fallait s’y attendre, plusieurs exigent même le retrait pur et simple des troupes russes dans la région.

Il est aisé de comprendre le dilemme gordien dans lequel Poutine se retrouve. Il doit maintenant sauver la face auprès des Russes, sans pour autant rompre avec l’Occident, qui ne verrait alors aucune utilité à assouplir ou à mettre un terme à ses sanctions économiques.

À l’inverse, si sa réaction manque de fermeté aux yeux des Russes, certains Brutus pourraient alors tirer profit de la grogne. Poutine sait fort bien que la vodka moscovite peut quelques fois avoir un goût radioactif...

 

 

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