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En détresse psychologique, il est abattu par les policiers

Le jeune homme de 25 ans qui parlait du diable et de l’enfer a été abattu devant sa mère par les policiers

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SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU | L’homme de 25 ans qui est tombé sous les balles d’un duo de policiers mercredi à Saint-Jean-sur-Richelieu était très violent, discutait avec son ombre et évoquait régulièrement le diable et l’enfer.

Matthieu Lévesque n’était plus lui-même depuis environ deux mois, selon sa mère Diane Dubé, qui s’est confiée au Journal un peu plus de 24 heures après avoir vu son fils mourir devant ses yeux. Cigarette à la main et ecchymoses au visage, la femme a raconté à quel point elle craignait son garçon qui vivait toujours à la maison familiale, et qui, sans qu’elle sache pourquoi, avait changé drastiquement.

«Il me battait tous les jours, dit la femme en sanglots. J’ai tout essayé pour le raisonner. C’était un bon petit gars avant, je ne comprends pas ce qui s’est passé pour qu’il vire violent de même.» Il lui arrivait aussi souvent de parler avec son ombre, de se «chicaner» et de lever le ton alors qu’il était seul dans une pièce, confie sa mère.

Très travaillant

Matthieu Lévesque a toujours détesté l’école. «C’était un manuel», dit son père Denis Lévesque. Ses parents ont accepté qu’il abandonne le secondaire à 16 ans, à condition qu’il se trouve un travail immédiatement. Le jeune homme a respecté sa parole et s’est trouvé un emploi. Il travaillait depuis sept ans chez L.B. Foster, une compagnie qui produit des pièces de chemin de fer.

Même si la plupart des employés le connaissent de nom, peu d’entre eux ont déjà discuté avec lui. «C’était un solitaire, il ne parlait jamais à personne, raconte Sylvain Laplante, un collègue. Il parlait aussi souvent du diable et de l’enfer, c’était bizarre.»

Pour Denis Lebeau, qui l’a également côtoyé quelques fois au travail, Matthieu Lévesque était un jeune homme très travaillant, mais il n’était pas très populaire auprès des autres employés. «Il faisait souvent l’objet de moqueries parce qu’il n’était pas très instruit, dit-il. Je le voyais souvent aussi marcher dehors pendant ses pauses et gesticuler et parler tout seul.»

Échec

L’homme avait un rêve qu’il chérissait depuis un bon moment; il voulait entrer dans les Forces armées canadiennes. Il avait entrepris des démarches, mais on l’avait refusé parce qu’il ne détenait pas son diplôme d’études secondaires.

Matthieu passait son temps enfermé dans sa chambre depuis environ deux mois, selon ses parents. Son comportement inquiétait énormément sa mère, qui se remet à peine d’une grave dépression.

Étant camionneur et fréquemment sur la route, son père n’a pas souvent été témoin des excès de violence de son fils. Il soutient toutefois avoir tout fait en son pouvoir pour aider «son gars» à traverser cette atroce période, qu’il n’était pas non plus en mesure d’expliquer.

 

«Mon fils ne méritait pas de mourir»

Matthieu Lévesque
Photo courtoisie
Matthieu Lévesque

Même si son fils la battait et la menaçait tous les jours, Diane Dubé en veut aux policiers d’avoir ouvert le feu sur son unique garçon.

«Mon fils ne méritait pas de mourir, c’est une injustice», confie la mère.

Tout a commencé mardi soir, quand Mme Dubé est allée chercher Matthieu Lévesque au travail. Quand il a mis les pieds hors du bâtiment et a aperçu sa mère, son air a immédiatement changé, raconte-t-elle. Il a refusé de monter à bord et est finalement rentré à la maison au beau milieu de la nuit, vers 3 h du matin.

En crise

Il a d’abord lancé son manteau et son sac au sol, avant de se mettre à cracher sur le plancher. Mme Dubé lui a demandé ce qui se passait, mais en guise de réponse, son fils a hurlé «criss de folle» à plusieurs reprises.

Peu de temps après, Matthieu Lévesque s’est lentement approché d’elle avec un couteau. Il lui a chuchoté à l’oreille «tic, tac, tic, tac», avant de lui cracher dessus.

Mme Dubé a alors dit doucement à son fils: «Maman et papa t’aiment, reviens-nous, Matthieu.». C’est alors qu’il s’est mis à la frapper violemment au visage jusqu’à ce qu’elle saigne.

«Je me laissais faire, dit-elle. J’essayais de le faire dérager.» À un certain moment, elle en a eu assez et elle s’est réfugiée dans sa chambre à l’étage, où elle a contacté le 911.

Intervention policière

Une seule policière s’est présentée à la résidence des Lévesque, quelques minutes après l’appel. Elle aurait demandé à Matthieu Lévesque de se calmer, mais celui-ci aurait tenté de la pousser hors de la maison. Tout à coup, le chien de la famille se serait jeté sur la policière et l’aurait mordue.

C’est à ce moment qu’elle a appelé du renfort. En moins de deux, un policier à bord d’un véhicule fantôme s’est pointé sur place. Lors de l’arrivée du policier, Matthieu Lévesque aurait eu un couteau dans les mains et la policière lui aurait ordonné de le jeter au sol.

Selon les dires de Mme Dubé, l’agente aurait à peine laissé le temps au jeune homme de lâcher son arme blanche et aurait tiré sur lui. Le policier aurait également ouvert le feu.

«Ça s’est fait en une fraction de seconde», confie la mère de la victime, qui se tenait à moins d’un mètre de l’horrible scène. Le père de Matthieu Lévesque ne comprend pas pourquoi les policiers ont immédiatement sorti leur arme à feu. «Ils ont du poivre de Cayenne, une matraque, des menottes, et de la formation!», confie l’homme bouleversé.

C’est la Sûreté du Québec qui a été mandatée pour enquête sur la triste histoire.

 

 

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