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Pourquoi je n'ai pas allaité ma fille

Je trouvais cela même très beau et touchant, une mère qui donnait le sein à son enfant. Mais cela n’était pas pour moi.
Je trouvais cela même très beau et touchant, une mère qui donnait le sein à son enfant. Mais cela n’était pas pour moi.


Au risque de passer pour la mère la plus indigne du Québec aux yeux de certains, je vais vous faire une autre confession : je n’ai pas allaité ma première fille.

Avant et pendant ma première grossesse, je n’en avais jamais eu l’intention. Trop contraignant. Et puis, je me disais que l’ayant porté 9 mois son père pouvait bien faire sa part.

Entre vous et moi, je n’avais pas trop envie d’être reléguée dans le rôle de la «pinte de lait sur patte». Mon côté féministe se rebellait contre cette pratique.

Je me disais que l’ayant porté 9 mois son père pouvait bien faire sa part.

Mais attention, je n’avais rien contre celles qui endossaient ce rôle. Je vous avouerais même que je les admirais. Je trouvais cela même très beau et touchant, une mère qui donnait le sein à son enfant. Mais cela n’était pas pour moi.

Il faut dire que j’avais vu ma mère et ensuite ma soeur à l’œuvre... Mes parents ont eu quatre enfants. En tant qu’aînée, je suis celle qui a été allaitée le plus longtemps : un an (la  pauvre mère!). Et puis j’imagine que ma mère trouvait cela elle aussi trop contraignant, car à chaque enfant qui a suivi, elle l’a allaité toujours moins longtemps que le précédent. Finalement,  quand le petit dernier est né 12 ans après moi, il a été nourri exclusivement avec de la préparation.

Et vous savez quoi? Je suis celle qui a le plus d’allergies et qui est asthmatique.  Rien pour faire pencher la balance en faveur de l’allaitement.

Le colostrum, ce petit liquide jaunâtre riche en protéines et anticorps que l’on sécrète suivant  l’accouchement, c’était autre chose. J’avais tellement lu sur ses bienfaits que je tenais mordicus à ce que Laetitia l’ait.

Et puis elle est née...

Bref, c’était mon état d’esprit lorsque ma fille est née. J’avais bien eu de la pression de quelques membres de ma famille, mais je les écartais du revers de la main. Et ce, même les protestations de mon conjoint qui voulait qu’au moins j’essaie. Après tout, cela me regardait et c’était de mon corps qu’on parlait.

Mais, sans que je m’en rendre compte, l’idée et la culpabilité avaient commencé à germer...

Puis, j’ai serré ma fille contre moi pour la première fois. Et plus rien n’a existé que cette pensée que je devais lui offrir le meilleur. Je me suis alors dit : pourquoi ne pas essayer d’allaiter finalement?

Quand j’ai voulu lui donner le colostrum, Laetitia a eu des problèmes pour téter. C’est tout juste si on ne lui a pas donné le liquide à la petite cuillère. Moi, comme une belle idiote, j’avais toujours cru que c’était inné la succion. Après tout, j’avais vu des petits veaux naître à la ferme de mes grands-parents et cela semblait leur venir tout seul. Les infirmières m’ont alors affirmé de ne pas m’en faire, qu’elle allait s’habituer.

L’arnaque du siècle

Elles étaient très gentilles les infirmières!  Devant notre insécurité à Sylvain et moi face à ce petit être dont la destinée était entre nos mains, elles nous ont rassurés et guidés. Rien à redire.

Les heures défilant, Laetitia avait toujours son problème de succion. J’essayais un sein, puis l’autre rien à faire... Les infirmières insistaient, gentiment, mais fermement, pour que je persiste. Moi, je voyais bien que cela n’allait pas, j’en pleurais tellement j’étais en plein désarroi. Elles, elles me disaient que le bébé n’allait pas se laisser mourir de faim. 

Pour ne rien arranger, on amenait régulièrement la couche de ma fille pour s’assurer qu’il n’y ait pas de cristaux d’urate, signe de déshydratation.

Et puis, j’ai découvert l’arnaque : j’avais accouché dans un hôpital «Ami des bébés»... Une certification internationale rien de moins, que possèdent 20 000 établissements de santé répartis dans 156 pays! Parce qu’il y a des hôpitaux avec pouponnières qui ne le sont pas? ai-je d’abord pensé quand j’ai appris cela. 

Voyez-vous,  les infirmières étant «amies des bébés», officiellement, elles doivent notamment fournir l’information nécessaire que la mère prenne une décision éclairée quant à la manière de nourrir son bébé. Mais dans les faits, elles sont aussi pro-allaitement... Et le libre choix dans tout cela? 

Et n’allez pas croire que je suis un cas unique. Une amie a vécu sensiblement la même situation que moi, au même hôpital, un an plus tôt. Une infirmière a finalement consenti à lui apporter de lait maternisé ... en catimini de ses collègues! Quand elle m’avait raconté cela, je me souviens que j’avais bien ri. Quans cela a été mon tour, je riais un peu moins.

Alléluia!

Puis, alléluia!, une infirmière a eu aussi pitié de moi et m’a apporté du lait maternisé. Aussi, à l’aide d’un petit tube et d’une seringue sans aiguille, elle m’a montré comment nourrir mon bébé. Ma fille (que ce nom sonnait doux à mes oreilles de nouvelle maman!) devait boire au moins 20 ml à chaque boire. La tâche la plus ardue qu’il m’ait jamais été donné d’accomplir, tellement la pression était énorme et les résultats peu concluants.

Après être restés à l’hôpital une journée de plus en raison du problème de «succion» et la promesse de revenir la semaine suivante pour vérifier son état, nous sommes finalement rentrés à la maison.

À deux, de peine et misère, nous réussissions à faire boire à Laetitia son petit 20 ml. Aujourd’hui, deux ans plus tard, nous évoquons ce souvenir en souriant quand nous voyons avec quel appétit elle mange, mais, à l’époque, cela nous angoissait.

Une maigre production et de la culpabilité

Au bout de quelques jours, la situation s’est résorbée et Laetitia a commencé à téter le biberon. Entretemps, je m’étais acheté un tire-lait électrique, ayant eu ma première montée de lait...

Moi qui n’avais jamais voulu allaiter, j’en étais venue à culpabiliser de ne pas le faire.

Peut-être raison du stress causé par l’alimentation de Laetitia, le fait que je ne me «tirais» pas assez fréquemment,  ma «production» de lait était loin d’être significative. Je n’ai jamais été en mesure de l’allaiter exclusivement au lait maternel. Devoir porter des coussinets dans ma brassière pour masquer une montée de lait, je ne connais pas.

Et à côté, je voyais ma sœur, qui produisait tellement qu’elle en congelait. N’avons-nous pas les mêmes gênes? La vie est parfois injuste...

Dès que ma fille dormait, je tirais mon lait. Mais, en une heure je ne réussissais à produire qu’un petit 50 ml. 

Épuisée, je ne me levais pas la nuit pour me «tirer». Par manque de «stimulation» ma production diminuait... le cercle vicieux quoi!

Moi qui n’avais jamais voulu allaiter, j’en étais venue à culpabiliser de ne pas le faire.

Finalement, après près deux mois de ce régime, mon copain, sans doute exaspéré et ayant pitié de moi de me voir me «traire» complètement déprimé sur le sofa, m’a suggéré d’arrêter tout cela.

Un tout autre état d’esprit

Aujourd’hui, à six mois de grossesse de celle qui devrait être (si l’échographie n’a pas menti) ma deuxième fille, je suis dans un tout autre état d’esprit.

La pression des pro-allaitements, je m’en fous!

Pour Laetitia, j’ai réellement essayé et ça n’a pas marché tout simplement. Chaque grossesse et bébé étant différents, alors ça ne veut pas dire que je revivrai la même chose. Mais c’est loin de me stresser!

Alors quand on me demande si je vais allaiter, je réponds honnêtement que je n’en ai vraiment aucune idée. Je ne suis pas fermé à l’idée ni contre la vertu. Si ça fonctionne, on verra si j’aime cela, sinon, tant pis tout simplement!
 




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