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Le temps tourne

Ma vie est faite de petites alvéoles, de moments clos sur eux-mêmes et de tâches à cocher

Le temps tourne
ILLUSTRATION, BENOIT TARDIF

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Le temps des Fêtes est sans doute le moment idéal pour réaliser le cours du temps (ou le temps qui court). Un relais annuel, un moment témoin, une date où on peut facilement savoir où on était l’année d’avant, et l’autre encore... Et pourquoi pas en 1964? Ainsi, mon oncle, tentant de se rappeler l’année d’un Noël passé, s’exclama: «C’était l’année où Be my Babe était un gros hit». Chacun d’entre nous marque son temps comme il veut et comme il peut.

Où étiez-vous pour La guerre des tuques originale ou le Star Wars de 1977? En regardant le Bye bye, je racontais à une amie bien plus jeune que moi que mon souvenir le plus vivace est celui de 1991 où Émilie Bordeleau et son Ovila étaient venus s’embrasser pour la nouvelle année. C’est aussi le genre de ­discussions qui émergent pendant les Fêtes et qui nous rappellent, elles aussi, jusqu’à quel point le temps passe.

Les grands et les petits

Et puis c’est le moment où on constate comme jamais que les enfants grandissent. Lorsque nous étions petits, c’était une corvée que de devoir se taper à tout bout de champ les mêmes commentaires «Ben voyons, t’as ben grandi» ou «Mautadine que tu ressembles à ta mère». Les enfants n’ont pas ce même rapport au temps et trouvent toujours que leurs parents sont très différents d’eux; après tout, ce sont des adultes! ­Enfant, on s’était juré que jamais on nous prendrait à répéter de telles banalités. Et pourtant on se surprend rapidement à devenir la matante qui s’extasie ­d’enfants qui poussent pendant que nous avons l’impression de faire du surplace.

J’ai compris que j’étais devenue cette matante-là quand la belle Camille, 5 ans, est rentrée chez moi en me disant «Tu vas trouver que j’ai grandi, je pense bien». Je vois comme un ­miracle leurs connaissances qui s’étendent, leurs questions étonnantes («C’est quoi une ­dépression nerveuse?») ou leur émotion démesurée devant ­certains cadeaux. En voyant ma petite-cousine de 3 ans s’extasier en recevant une radio et des disques, je me suis revue devant des vinyles de Nathalie Simard qui me comblaient jusqu’au plus profond du cœur.

Un nouveau cycle

Le temps des Fêtes, c’est donc ce temps idéal pour réaliser que le temps passe. Il passe court (je n’ai pas vu cet enfant depuis un an, il ne se rappelle plus de moi), il passe moyen (déjà plus de 20 ans que les grands-parents sont morts, changeant à jamais le ­rituel des Fêtes) et il passe très lentement dans les racines de l’arbre généalogique: certains témoins peuvent encore vous assurer que ce bébé a un sourire qui rappelle une aïeule que vous n’avez pas connue.

Oui voilà, je me suis dit comme les Fêtes se terminaient que c’était un peu comme si ­pendant quelques jours le temps se suspendait pour nous permettre de réaliser que la vie est un cycle. On ne l’oublie pas complètement le reste du temps, mais on dirait qu’on n’a pas tout à fait l’énergie d’y penser non plus. Ma vie est faite de petites alvéoles, de moments clos sur eux-mêmes et de tâches à cocher.

Voilà qu’on peut commencer l’année en se jurant de profiter de chaque moment. Il faut en profiter, les quelques jours où on tient cette résolution!

 

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