Une mort annoncée par un destin tragique
L’ancien porteur de ballon des Alouettes Lawrence Phillips est retrouvé mort dans sa cellule
On se demande parfois comment un athlète aussi talentueux peut en venir à gâcher lamentablement sa carrière. Comment un joueur au brillant avenir finit par se retrouver derrière les barreaux et non au Temple de la renommée. Comme s’il était voué à un destin tragique. C’est le cas de l’ancien joueur des Alouettes Lawrence Phillips, dont la descente aux enfers a pris fin hier, alors qu’il a été retrouvé mort dans sa cellule de prison.
Phillips était âgé de 40 ans. Une enquête est en cours, mais il pourrait s’agir d’un suicide. Le prisonnier était en attente de son procès pour le meurtre de son compagnon de cellule, Damion Soward, survenu en avril 2015.
Il purgeait déjà une sentence de 31 ans et quatre mois dans une prison de la Californie. Il avait été reconnu coupable de violence conjugale – pour avoir étranglé sa petite amie à deux reprises – et il avait heurté trois adolescents avec sa voiture.
La chute de cet ancien espoir a été longue et parsemée de drames.
«D’apprendre qu’il aurait mis fin à ses jours ne me surprend pas vraiment. On voyait que ça allait vers quelque chose qui finirait mal», admet Bruno Heppell, qui a été son coéquipier chez les Alouettes en 2002.
Un potentiel gâché
Heppell qualifie l’histoire de Phillips de «tragédie».
C’est que l’ex-joueur était voué à toute une carrière. On dit encore aujourd’hui qu’il est l’un des meilleurs porteurs de ballon à avoir évolué au niveau universitaire aux États-Unis. C’est pourquoi les Rams de St. Louis en avaient fait le sixième choix au total lors du repêchage 1996.
Le séjour de Phillips avec les Rams a duré 19 mois.
Durant cette période, il avait été arrêté trois fois et passé 23 jours en prison.
«C’était un beau gâchis de talent. C’est probablement le joueur le plus talentueux avec qui j’ai joué. Mais il a connu une carrière très ordinaire parce qu’il avait des problèmes entre les deux oreilles. C’est quand même gros d’être repêché si tôt et il a réussi à ne rien faire avec ça», se désole Heppell.
Éric Lapointe se souvient d’un coéquipier «étrange», mais avec qui il était plaisant de jouer. Les deux évoluaient à la même position et le Québécois avait été fortement impressionné au camp.
«En le voyant courir, j’ai dit à Bruno que je n’avais aucune chance de jouer de la saison. Il était spectaculaire. Il réussissait à faire avec aisance des choses qui semblaient impossibles», note-t-il.
Une année mouvementée
Phillips n’a passé qu’une saison avec les Alouettes. Il venait de rater non pas une, mais trois chances avec des équipes de la NFL. Heppell se souvient d’un coéquipier «difficile à gérer».
Phillips avait d’ailleurs déserté l’équipe deux fois au cours de l’été, sans expliquer pourquoi.
«Il passait d’une humeur à une autre rapidement. Il pouvait autant être le meilleur coéquipier qui soit et dès que quelque chose ne faisait pas son affaire, il voulait s’en aller», raconte-t-il.
Heppell se souvient d’un jeu où Phillips avait fait preuve d’une grande générosité. Posté à la ligne de 1 avec le Québécois, il avait proposé à ce dernier, qui devait faire le bloc pour lui, de changer de place avec lui pour qu’il puisse inscrire le touché.
«Sa saison avec les Alouettes est peut-être celle où il a été le mieux encadré. C’est d’ailleurs une des rares où il a passé une année complète avec une équipe. On avait un bon noyau de vétérans et l’entraîneur-chef Don Matthews a été capable de bien le gérer. Il n’a jamais été une nuisance et il nous avait même aidés à gagner la coupe Grey», se remémore l’ancien centre-arrière des Alouettes.
De mal en pis
L’équipe avait coupé les ponts avec Phillips après sa conquête du titre, malgré ses succès sur le terrain.
C’est que ses déboires à l’extérieur étaient de plus en plus importants.
Les choses n’ont fait qu’empirer par la suite, alors que les arrestations se sont succédé, jusqu’à son emprisonnement en 2008.
«Aujourd’hui, je ressens de la déception et de l’incompréhension. Ce qui est frustrant, c’est de voir que jamais personne n’a été capable de l’aider, voyant que quelque chose clochait, qu’il avait une certaine détresse, une rage intérieure», conclut Lapointe.
Lawrence Phillips
Né le 21 mai 1975 à Little Rock, Arkansas | Porteur de ballon | 6 pi, 210 lb
Équipe collégiale NCAA
- Cornhuskers du Nebraska
Équipes de la NFL
- Rams de St. Louis (1996-1997)
- Dolphins de Miami (1997)
- 49ers de San Francisco (1999)
Statistiques NFL (35 matchs)
- 1453 verges au sol
- 219 verges par la passe
- 15 touchés
Équipes de la LCF
- Alouettes de Montréal (2002)
- Stampeders de Calgary (2003)
Statistiques LCF (36 matchs)
- 1508 verges au sol
- 384 verges par la passe
- 14 touchés
Autres équipes
- Dragons de Barcolone (1999, NFL Europe)
- Bobcats de la Floride (2001, Arena League, aucun match)