Notre palais
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On passe notre vie à faire des choix, à éliminer, à «discarter» diraient certains, puis à choisir, à garder, à aimer.
Bien sûr, cela fait partie du processus d’apprentissage normal de la vie, et surtout de l’édification de notre personnalité.
En matière de vin, cette personnalité se construit évidemment au gré de nos dégustations, lesquelles révéleront nos goûts particuliers, ceux-ci étant eux-mêmes façonnés, d’une part, par nos capacités respectives de perception des composantes du vin.
En ce sens que certains sont naturellement plus sensibles que d’autres à la chaleur de l’alcool, à l’acidité ou à tel type d’aromes, etc.
Mais aussi par notre environnement culturel global, éducation comprise, qui renforcera ou discréditera tel ou tel goût.
Ainsi, certaines cultures favorisent les épices, d’autres le sucré, d’autres encore l’amertume et l’acidité.
En matière de vin, et nous au Québec sommes bien placés pour le comprendre puisque nous sommes à la jonction de deux grands courants culturels, le palais anglo-saxon n’aime pas trop, de manière générale, l’acidité et a un penchant pour ce qui est plus doux, plus sucré.
Le palais européen, de façon générale encore ici, appréciera davantage l’acidité, sinon l’amertume, au détriment de ce qui est sucré.
Cela dit, tous les cas de figure se retrouvent chez les amateurs de vin de ces deux grands courants culturels.
De telle sorte qu’il n’y a pas que des barolos en Italie, dont la structure tannique et acide est bien présente (mais aussi des vins au sucre résiduel important), comme il n’y a pas que des «chardos» flabby aux États-Unis, mais aussi des vins, rouges et blancs, bien droits et d’une grande élégance.
Et le palais des Québécois lui? Il est justement à la jonction, comme je le disais, des deux grands courants culturels que sont l’anglo-saxon et l’européen.
Il est nettement plus sucré quand on regarde les vins les plus populaires au Québec, et nettement plus européen quand on regarde du côté des vins de spécialités.
Cela dit, nos goûts changent au fil du temps. Dans le courant d’une vie, on peut aimer d’abord les vins souples et légers, puis finir par apprécier les vins plus consistants, plus structurés, plus boisés aussi.
Et arrive un moment dans la vie d’un amateur où il en vient à apprécier des vins moins maquillés, plus équilibrés, plus fins, des vins qui vont plus directement à l’essentiel.
J’oserais dire que notre goût du vin suit exactement la courbe de notre vieillissement personnel. On va de l’évidence à la nuance.
Ce qui nous apparaissait essentiel et pertinent hier prend des airs de banalité en vieillissant, et ce qui nous semblait ennuyeux en jeunesse prend au contraire des airs de sagesse.
Et le gros de notre vie se passe, comme disait la chanson, entre la jeunesse et la sagesse.
vin plaisir
Pour offrir ou se faire plaisir
Vous trouvez que les barolos manquent parfois de fruit au détriment de l’acidité et des tannins? Essayez celui-ci tout plein de sève, tonique et frais, malgré son gabarit. On sent ici la parfaite maîtrise de la matière première du barolo qui est ce grand cépage qu’est le Nebbiolo.
14,5 % Italie | Vin rouge | 47,00 $
CODE SAQ : 12533525
Blancs
Les Jardins de Meyrac 2014
[★★ ½ | $$ ½ ]
Pays d’OC, Château Capendu: toujours aussi bon dans ce nouveau millésime que ce petit blanc bien populaire. Notion de poire et de pomme au nez, bien pourvu en fruit, mais soutenu par une bonne acidité et parfaitement sec.
12,5 % France | Vin blanc | 14,50 $
2,4 g/L
Château de Maligny 2014
[★★★ ½ | $$$ ½ ]
Chablis, Montée de Tonnerre Premier Cru: j’ai toujours aimé la tension dans les vins de Maligny. Mais la structure acide est bien enrobée par le fruit ici et on sent la richesse en arrière-plan. Frais, croquant, pimpant; que du bonheur!
12,5 % France | Vin blanc | 36,00 $
1,5 g/L
Rouges
Château Cailleteau Bergeron Tradition 2012
[★★ ½ | $$ ]
Blaye Côtes de Bordeaux: moyennement corsé, assemblage de 90 % Merlot et 10 % de cabernet-sauvignon (le vin n’a vu que 20 % de barriques de deux ans), c’est un bon bordeaux sur le fruit et la fraîcheur. Mais on le passe impérativement en carafe. Il a ce qu’il faut pour tenir encore quelques années.
13,5 % France | Vin rouge | 18,15 $
3,7 g/L
Château La Gravette Lacombe 2009
[★★★ | $$ ½ ]
Médoc Cru Bourgeois: un bon médoc généreux en fruit, avec des tannins fermes en arrière-plan, mais de qualité; c’est un bordeaux sérieux, moyennement corsé, qui pourrait prendre facilement encore trois ans de cave.
13,5 % pays | Vin rouge | 23,35 $
n/d g/L
★ Correct
★★ Bon
★★★ Très bon
★★★★ Excellent
★★★★★ Exceptionnel
Plus d’étoiles que de dollars: vaut largement son prix.
Autant d’étoiles que de dollars: vaut son prix.
Moins d’étoiles que de dollars: le vin est cher.